Chronique: La grève sans l’aimer

Article : Chronique: La grève sans l’aimer
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16 février 2012

Chronique: La grève sans l’aimer

Les temps sont bien à plaindre très chers lecteurs ! Depuis plus de deux mois, l’Université est prise dans une sorte de bourbier où elle semble plus que jamais engluée. Les enseignants désignés responsables de cette perfide comédie rechignent à être indexés comme les lampistes.

Néanmoins, il sera difficile pour eux d’échapper à cette étiquette. Car d’un côté, ce sont les « bellicistes » qui ouvrent les hostilités tandis que de l’autre, ils sont les « pacifistes » qui jouent aux sapeurs pompiers. Etant – par définition – les initiateurs de cette grève, ils rejettent tout sur la face de l’Etat en martelant aux étudiants qu’ils ne veulent pas que l’année soit blanche. Mais enfin, elle est d’ores et déjà noire : un semestre entier en pure perte (sauf pour les enseignants bien sûr !) tandis que l’autre se débat pour échapper à la voracité des dieux !

Si le parfait coupable de ce désordre universitaire est innommable, les victimes, par contre, sont connues. Ce sont ces milliers d’étudiants qui s’interrogent aujourd’hui sur l’avenir de leurs études et qui ne demandent qu’à reprendre les cours.

J’ai entendu quelques d’observateurs accuser le contexte politique d’avoir installé un climat réfractaire à tout dialogue. Je les ai même entendu tonner que la seule chose qui vaille en ce moment précis aux yeux des politiques est d’arriver à échapper aux mauvais temps. Ceux-là qui ont balayé quelques prétentieux bouts d’homme, vous vous en souvenez à coup sûr chers lecteurs, se prenant pour le nombril du monde.

Quoi qu’il en soit, ce qui est sûr, c’est que l’année est prise en étau entre deux dieux comme je l’ai écrit récemment. Il y a un autre discours, sinon perfide, à tout le moins aux limites de l’argutie voulant tout imputer à ce que certains appellent la » cupidité des enseignants ». Hélas, les étudiants qui devaient le déjouer semblent les plus enfoncés dans cette sournoise calomnie. Comment les étudiants de l’UCAD peuvent-ils se donner le culot de bloquer les portes de l’Université aux enseignants ? Parce qu’ils sont les responsables de leur malheur ?

S’il y a un acteur à blâmer dans toute cette histoire, c’est l’Etat. S’il n’est pas prêt à donner suite aux engagements faits au SAES, pourquoi alors les a t-il pris ? Pour moi, c’est là où gît tout le problème !

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Commentaires

dieng cheikh
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Merci gueye de cette analyse si pertinente.vous avez vraiment su résumer cette situation en apportant tous les élément dont le lecteur a besoin.
mon seul soucis c’est peut votre conclusion c’est à dire en voulant incriminer simplement l’Etat.
A mon avis même si la responsabilité est partagée il faut noter qu’elle pèse plus sur les enseignants que sur l’Etat.En effet on peut noter dans ce phénomène deux choses fondamentales qui justifient la culpabilité des enseignants.c’est d’une part leur cupidité que vous avez eu à mentionner dans votre texte,pour preuve quel agent de l’Etat a aujourd’hui,au sénégal, un salaire et des indemnités équivalents à ceux des enseignants membres du SAES?Il est rare de le voir.
D’autre part si le SAES était sérieux pourquoi aurait il attendu la vieille de l’élection présidentiel pour faire pression à l’Etat pour mobile le respect de ses engagements alors que ces derniers (les engagements) ont été adoptés depuis quelques années.
Grosso modo, je pense que les enseignants ont montré le peu de soucis qu’ils accordent aux étudiants qui, en définitive, sont les seuls perdants dans ce jeu enfantin.Aujourd’hui aucun étudiant ne sait ou mettre ses pieds surtout nos jeunes frères qui viennent fraîchement de décrocher leur baccalauréat avec beaucoup d’espoir et de rêve. c’est vraiment regrettable grand!

Ousmane Gueye
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Bonjour Cheikh,

Merci infiniment pour votre fidélité. Je suis d'accord avec vous sur plusieurs points, j'allais dire tous sauf celui-ci:"D’autre part si le SAES était sérieux pourquoi aurait il attendu la vieille de l’élection présidentielle pour faire pression à l’Etat pour mobile le respect de ses engagements alors que ces derniers (les engagements) ont été adoptés depuis quelques années." Ne pensez-vous pas, très cher lecteur que, dans une grève, une bataille, c'est bien le talon d'achille qu'il faut chercher à atteindre. Et le talon d'achille à l'heure où nous sommes c'est forcément, dans ce contexte électoral, les dernières heures qui restent pour savoir si l'année sera "nulle", "blanche" ou pas. En voudirez-vous aux enseignants pour avoir saisi le bon moment ?

fatim seck
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j'accuse l'Etat....mais je blâme les enseignants dans leur obsession.Aveuglés par leur propre intérêt ils ne s'interrogent même pas sur les conséquences de cette grève....

Ousmane Gueye
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Salut très chère lectrice,

Je partage cette opinion. Si je dois opposer une certaine "désolidarisation" dans votre analyse, c'est par rapport à ce que vous avez appelé "obsession". Je trouve que c'est aussi un moyen dans une grève que d'afficher un certain "extrémisme". A mon avis, cela donne une impression de détermination. Si à chaque fois les enseignants doivent se dire que nous n'allons pas hypothéquer l'avenir de nos jeunes étudiants, alors ils ne vont pas avancer. Et quelques personnes bien rusées leur opposent toujours cet argument. C'est tout uniment un piège !