Pour une éthique de la civilisation

26 août 2013

Pour une éthique de la civilisation

Source: Dakaractu
Source: Dakaractu

Que le Ministre des Sports ait pu tenir des propos d’une telle acuité n’a rien de déplacé. Il est même de son devoir de dire ce qu’il pense de la gestion d’une structure qui est sous sa tutelle. Aurait-il été un simple citoyen, personne ne peut lui en tenir rigueur. A fortiori quand c’est une autorité sensée exiger des comptes à rendre à la F.S.F.

Mais, il est une race de personnes issues de tous bords, qui ne répondent à la force de l’argument que par l’argument de la force. Que personne ne vienne me rétorquer que la violence est consubstantielle à l’idée de société. Cela relève de l’évidence. Un collectif d’hommes aux aspirations et caractères nécessairement différents ne saurait échapper à la conflictualité. C’est pour cette raison que les sociétés ont, de tous temps, mis en place des dispositifs et autres méthodes de gestion du « contradictoire ». Ça s’appelle le politique.

Aussi, en tant qu’hommes, nous sommes censés faire preuve de transcendance dès lors que nous jouissons d’une faculté qui nous place au dessus de l’animal : la raison. Qu’est ce qui a empêché ceux qui se sont sentis offusqués par l’appréciation du ministre de saisir la presse au nom du  « droit de réponse » ? Qu’est-ce qui les a mis dans l’ « impossibilité » de répondre à l’autorité verbalement pendant que la presse était là ? Puisque, en ce jour d’élections, il pouvait manquer de tout, sauf des caméras et des micros ?

Mais, -sans en excuser la chose-, ces évènements malheureux ne sont que le reflet de ce qui est profondément ancré en nous : l’instinct barbare. Osons le qualificatif. Que l’on se souvienne de l’assassinat de Demba Diop. En ce jour de triste mémoire du 3 Février 1967, le Ministre de la Jeunesse et des Sports a reçu une pluie de coups de coteaux à Thiès. La tentative d’assassinat du président Senghor à la Grande Mosquée de Dakar par Moustapha Lô, quelques mois plus tard, le 22 Mars précisément. Que dire du geste de Mouhamadou Massaly qui a mis le feu à la tribune officielle des socialistes lors d’un meeting à Thiès ? Vous souvenez-vous du lendemain chaotique des élections présidentielles et législatives de 1988 quand des gens désespérés ont mis le désordre dans le milieu de l’électorat populaire (Pikine, Guédiawaye …) parce qu’ils n’étaient pas satisfaits de l’issue ? C’est assez inquiétant pour ne pas ajouter la tentative d’assassinat de Talla Sylla en octobre 2003, le saccage des locaux de l’As et de 24 Heures Chrono ? Et j’en passe, et des pires…

Plus que l’impossibilité d’exercer des criminels économiques, j’en appelle à une véritable réflexion constructive sur le traitement à faire aux criminels tout court. Voyez comme c’est dangereux d’ouvrir le boulevard du pouvoir à cette classe de brutaux et de sauvageons, qui demain, transformeront notre Cité à un théâtre de ravage interminable. Il est plus qu’urgent de punir les actes d’outrance et d’ « auto-justice ». Nous devons, pour le meilleur de notre société, mettre en place une véritable éthique de la civilisation où chaque personne qui s’estime offensé, peut porter l’affaire devant la justice. Mais, cela passe inévitablement par le perfectionnement de nos appareils judiciaires et leur mise à l’abri de toute instrumentalisation.

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Commentaires

Osman Jérôme
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Et dans la forme, et le fond, c'est un texte conscient, puissant et fort. J'adore lire ces réflexions rationnelles et engagées a la fois. Comme la civilisation n'est pas le fruit du hasard, que les autorités concernés, que les citoyens agissent de manière consciente a relever le niveau de la chose, car, n'allons pas chercher midi a 14, ça ne peut pas perdurer ainsi,
Toujours le même plaisir de te lire, cher Ousmane.

Ousmane Gueye
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Salut cher Osman. Je suis tout ravi de ton commentaire. A te lire, je sens à bien des égards que nous avons beaucoup de choses en commun: un amour acharné pour la lecture, la critique et la réflexion. Merci chaleureusement car vous me donnez toujours plaisir à lire vos commentaires.