Une semaine à Ngaye Méckhé

Article : Une semaine à Ngaye Méckhé
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20 février 2012

Une semaine à Ngaye Méckhé

J’écrivais cet article en Octobre 2007. Vous aurez compris que bien du temps a coulé sous les ponts très chers lecteurs. Depuis mon départ de Ngaye Méckhé, – en effet, je n’y ai passé qu’un an-, les nouvelles foisonnent pour me suggérer que beaucoup de choses ont changé. En attendant d’y retourner pour le constater « de visu », je vous propose à relire l’article. Il est vrai que beaucoup se sont offusqués du ton pensant que je noircissais leur Ngaye natal, mais qu’ils sachent que, moi aussi, je me reconnais bien dans ce joli joyau. Mes salutations respectueuses à toutes les personnes que j’y ai connues et avec qui j’entretiens d’excellentes relations. Hommage à elles et aux lecteurs qui se reconnaitront sûrement dans les lignes qui suivent.Ils peuvent réagir à l’adresse électronique (ousmaanegueye@yahoo.fr).


Ngaye Méckhé est quoiqu’on en dise « un gros village » sis à mi-distance de Saint Louis et de Dakar. Ici, nous n’avons point de fleuve ou de mer. Donc, ne parlons pas de brises maritimes ou fluviales, encore moins de pèche à la ligne ou de promenades sur la grève. C’est pourquoi ,la chaleur m’a accablé lors de ma première descente à Méckhé. Une chaleur déroutante, insupportable pour le petit Gandiolais que je suis.

Une terrible distance me sépare de ma nouvelle école. Celle ci se situe à l’est de ma nouvelle maison, Ndiob. Ndiob est un quartier somme toute paisible. Sauf que pendant la soirée,les gens subissent la dictature des ombres. Les chiens y aboient presque sans répit.

C’est avec beaucoup de regret que je remâche mon arrivée à l’Ecole de Méckhé ,j’allais dire mes premiers cours. Nous sommes le 22 Octobre 2007. Il est 8heures 23(heure locale). Je fis mon entrée dans une salle ,on ne peut plus modeste,propre tout de même. N’y connaissant personne et personne ne m’y connaissant , je dus regretter mon départ de Saint Louis où j’étais adulé ,protégé,gâté par les proches ,amis et camarades de classe. La solidarité chez les élèves a beaucoup retenu mon attention ainsi que l’absence d’outils pédagogiques comme une bibliothèque, une photocopieuse pour les élèves , une salle de gymnastique.

Les raisons de ma première altercation avec un de mes nouveaux enseignants tient assurément à cela. M.Ndao,en effet,rougit car je me suis étonné que nous fassions notre cours d’E.P.S en plein air : « Tu n’es pas d’ici toi? »,dit il. Ensuite ,il m’assimila à une femmelette car n’ « ayant pas offert de bonnes performances ». Mais , à mon sens ,ce n’était qu’une manière déguisée de corriger mon « insonlence »:oser dire haut ce que mes camarades pensent bas:l’arriération matérielle du Lycée de Méckhé.

Avec la venue de l’Internet, en  fin d’avril,je me sors peu à peu de ma « torpeur ». J’y suis aussi aidé par ma radio idéale,c’est-à-dire RFI.

Très petit dans ce gros bidonville,j’oublie peu à peu ma solitude,aidé en cela

par ma nouvelle bande de camarades de classe. Avec Baye Serigne Ndao,par exemple,nous allons siroter du « Café Touba » au garage appelé « Angal »(angle,quoi!!!).

La nouvelle équipe qui compose le Journal de notre lycée me tendit aussi une perche, celle de connaitre d’autres individus pour élargir mon groupe d’amis. Souvent ,nous passons chez Sokhna Ndir Tall, élève en Première L.

Vers la fin du mois de Mars ,je pus dire que mon intégration est effective avec la connaissance des 4 comme je je les appelle familiérement : Marième Ngom et Marième Dieng, Daba Sène et Sibérou Diop. Elles sont comme de véritables soeurs pour moi. J’ai aussi fait la connaissance de Cheikh Dieng (terminale L2) avec qui j’entretiens une douce complicité.

O!!!Pourquoi oublier le lundi à Méckhé?

Tôt le matin ,calèches, peugeots,vélos,femmes se pressant dans les allées du marché ,charlatans,caquètements de poules ,vendeurs de thiaf (arachides grillées),marchands à la sauvette,queues de charettes,de voitures:le décor est assez planté et c’est un euphémisme de le dire.

Les calèches ,les deux roues abondent ici. Ngaye Méckhé est aussi orphèvre en matière de cuir. Ce sont de très belles chaussures en qualité qui sont faites et les clients foisonnent(les dallu ngaay).L’élevage est bien présent ici et l’agriculture rare.

Les contingences « pullulent » ici. Pour un oui ou pour un non ,des fêtes sont accordées en vertu de n’importe quoi. Malgé l’ordre des administrations(CEM et Lycée),les élèves mènent la barque de leurs revendications .Par exemple,un projet d’examen blanc est remis dans les tiroirs à cause de l’hostilité des apprenants .La quasi-cohabitation du lycée et du CEM de Méckhé instaure une complicité entre les potaches des deux établissements .

La cloche sonne…Les professeurs s’empressent à rentrer en classe…Il faut que je parte….On se revoit,n’est ce pas très bientôt sur le Temps en images.

 

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