Chronique : L’Université du risque ?

6 juin 2012

Chronique : L’Université du risque ?

Par Ousmane GUEYE

Il ne se passe plus de mois sans qu’une panne, si minime soit-elle, vienne enrayer la machine universitaire. Même si elle donne l’impression que tout semble réparé ou tout au moins déparé, c’est une machine secouée par tant de mois de grève qui s’échine ridiculement à vrombir.

Comme vous, probablement, très chers lecteurs, j’ai entendu toutes sortes de propos, des moins quiétistes aux plus alarmistes. Quelques illuminés n’ont eu de cesse de prophétiser la mort de l’année. Au train où vont les choses, difficile de réprimer ce catastrophisme puisque le suspense -en tous les cas pour l’observateur que je suis- demeure entier.

Si j’ai du mal à prendre parti entre le « pour » et le « contre » « année blanche », c’est parce que je me sens pris dans un entre-deux difficile. Je suis en effet partagé entre ces deux avis : décréter une année blanche afin de mieux réfléchir aux problèmes de l’Université plus profonds qu’ils n’en donnent l’impression (j’y reviendrai plus loin), et sauver l’année car ce nouveau régime n’est pas signataire des accords Etat-SAES qui nous ont conduits dans ce semblant d’impasse.

J’avais soutenu cette grève dès ma première chronique de l’année 2012. Ce qui justifiait ce choix, c’était que, dans un pays où la parole donnée devient de plus en plus dévalorisée, il fallait amener l’ancien pouvoir à en tenir la promesse. S’ajoutait à cela, un pillage éhonté des finances du pays à un moment où justement il urgeait d’en rationaliser les dépenses. Je ne sais pour quelle raison cette grève a baissé d’intensité en arguant du fait que du temps devait être donné au nouveau régime. J’estime que s’il fallait adopter cette logique, le SAES aurait dû le faire bien plus tôt.

Si je suis aussi pour l’ « année blanche »,-j’avais promis d’y revenir-, c’est parce que les problèmes en question sont d’une si grande épaisseur qu’il faut y consacrer le maximum d’attention. Je ne fais pas naturellement référence qu’à la plate forme des revendications du SAES, du reste très connue. Je veux parler de ce laisser-aller grandissant du système universitaire, en tous les cas de chez-nous. Dans une réflexion intitulée « Les oscars du plagiat », je m’indignais l’année dernière de cette malhonnêteté de quelques enseignants qui n’hésitent pas à plagier leurs collègues d’ailleurs pour « remplir » leurs cours. Et cela, pendant que d’autres s’absentent comme ils le veulent, se rattrapent aussi de la même manière au mépris d’une concertation attendue avec leurs étudiants. Cette reprise de l’enseignement donne à voir, dans bien des cas, une accélération des cours comme si les étudiants étaient responsables de la grève ou en tous les cas, devaient payer pour l’entêtement de l’Etat.

Il est plus que salutaire d’exiger un contrôle de cet enseignement car après tout les personnes qui le dispensent ne sont aucunement au dessus de la loi, encore moins de la morale. Elles sont payées pour s’acquitter correctement de ce qui cesse d’être, lentement, mais dangereusement, hélas, un sacerdoce.

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