Faut-il s’indigner ou se griser de l’accueil de François Hollande au Mali ?

Article : Faut-il s’indigner ou se griser de l’accueil de François Hollande au Mali ?
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4 février 2013

Faut-il s’indigner ou se griser de l’accueil de François Hollande au Mali ?

RFISi l’euphorie jubilatoire des populations libérées doit être appréciée à sa juste mesure, il convient d’y voir le signe évident d’un échec des pays africains.

Tous ces chefs d’Etat qui s’agitaient –et continuent de le faire- n’ont pu exécuter le moindre geste salvateur pour estomper l’avancée des Islamistes. Cette percée soudaine et violente des « fous de Dieu », parce que n’ayant rencontré aucun obstacle, s’est donné tout le loisir de s’étendre et de s’installer dans un contexte de chaos absolu. J’ai observé hélas ces scènes d’inhumanité avec la même désolation, la même détresse que toutes ces populations prisonnières de la loi implacable des barbus. Certes, l’ « opinion publique internationale » disserte abondamment sur la débandade de l’armée malienne, les tergiversations de la Cedeao, de la « Communauté internationale »…

Mais on oublie peut-être que c’est toute cette lâcheté généralisée qui explique la barbarie systématique que les Islamistes ont infligée durement et durablement aux populations du Nord. Aussi surprenante que puisse être ma proposition, j’en appelle à une reconnaissance unanime de notre culpabilité et de notre responsabilité. Il faut que nous ayons l’humilité de regarder en face tous ces pauvres aux membres sectionnés, aux corps chicotés, tous ces corps sans vie, pour leur exprimer notre pardon et notre compassion. Aussi, est-il inacceptable (pour nous Africains en tous les cas) de jouer toujours les sapeurs pompiers après l’incendie.

Nous avons en horreur la douloureuse expérience de la Côte d’Ivoire où un Président déchu par le peuple s’est accroché au pouvoir. Je ne rêve pas, mais me reviennent à l’esprit les sévices que feu Kadhafi a fait subir aux Libyens. Au sujet de ces deux dossiers, l’Afrique a observé faire et défaire.

Pour en revenir à François Hollande, je partage bien l’éditorial du Journal Le Monde d’aujourd’hui à son propos. Il s’est exprimé avec un surprenant sens de la nuance et de l’humilité. Je ne l’attendais pas sur ce terrain qu’aurait bien déserté un Nicolas Sarkozy dont le Discours de Dakar est encore présent dans nos esprits.

Toutefois, je récuse le parallèle qu’a établi l’actuel homme fort de l’Elysée quand il a dit que nos « tirailleurs » ont libéré la France et que donc, cette dernière, en venant au secours des Maliens, ne le fait que par devoir de reconnaissance. Le contexte a changé, les enjeux ne sont évidemment pas les mêmes.

Olivier Roy a bien souligné ces spécificités et c’est une analyse que j’accepte sans grande nuance.

Mais ce sur quoi je veux insister, c’est que nos « tirailleurs » ne se sont pas faits prié pour voler au secours de la France ; ils y ont été obligés.

Le deuxième point, c’est, à ce que je sache, aucun Chef d’Etat africain n’a posé son pied en France et n’a été accueilli en libérateur par les populations. Le troisième, il n’y a pas un « Thiaroye » version française. Toutes exceptions qui font que le parallèle établi par François Hollande serait trompeur. Nous n’avons à être fiers de rien. Soyons plutôt préoccupés à trouver des solutions adéquates et à temps à nos problèmes.

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Commentaires

serge
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je trouve tout cela assez louche et en vera les conséquences plus tard... ça me rappelle le Rwanda en 1994, puis la RDC en 1996