Ousmane Gueye

Les rationalités meurtrières

SOGIl y a déjà quelques temps que je réfléchissais au hiatus entre ce qu’une certaine élite déclare comme étant ses idéaux et ce qu’elle fait en réalité. Cette analyse m’a valu Les rationalités meutrières que j’avais alors publié au titre de chronique sur le site du Journal Le Campus (UGB). C’est ce texte que je publie ici.

En cherchant à documenter cette réflexion qui me taraude depuis maintenant plusieurs années, un auteur a particulièrement focalisé mon attention. Il n’a pas attendu que je l’invite ; il a fait irruption dans mes pensées au moment où je m’y attendais le moins. L’histoire de notre rencontre remonte précisément le 08 Mars 2009 sur les ondes de Radio France Internationale grâce aux IDEES de Benoit Ruelle. Sur ces entrefaites, l’auteur arrachait déjà mon affection et un de ses ouvrages majeurs me marque, s’il n’achève de m’hypnotiser. Ayez l’amabilité de me pardonner pour vous avoir tenu en haleine jusque là. Je voulais bien vous parler de mon héros. J’ai nommé l’écrivain franco-libanais, Amin Maalouf, prix Goncourt 1993 pour le Rocher de Tanios-entre autres distinctions.

Amin est aussi l’auteur de l’essai Les identités meurtrières dont voici l’argument : L’auteur s’indigne des comportements humains lorsque l’affirmation de soi vacille souvent avec la négation de l’autre.

Cet argument est le même que celui de ma réflexion. Sauf qu’il ne renvoie pas à la même pensée, encore moins au même contexte car je vous parle bien de Sanar très précisément.

En effet, il n’ya pas un théâtre plus révélateur en termes d’oppositions de goûts, de couleurs, d’humeurs, de préférences, de croyances que celui du campus de l’UGB. Voilà ce que nous appelons « rationalités » au sens boudonnien de « bonnes raisons ». Les esprits les plus perspicaces diront que la chanson est connue : les gouts et les couleurs, on ne discute pas. Toutefois, qu’en est il, comme à la lumière de l’argument d’Amin Maalouf, quand « l’affirmation de soi vacille souvent avec la négation de l’autre » ? Qu’en est –il quand chacun d’entre nous se dit être bien fondé de faire ce qu’il fait et de dénier à son camarade  le bien-fondé de faire lui aussi ce qu’il veut bien faire ?

A promener une observation pénétrante sur la vie à Sanar, on est que frappé par l’explosion de ces rationalités. Des notes de mbalax à celles de rap passant par le reggae amplifiées  tant et si bien  qu‘on est tenté de croire que ces mélomanes sont les seuls à exister sur ce campus !  Les plus raisonnables veulent faire la différence ô combien distinctive en l’occurrence : ils ont acheté des baffles pour mieux « vivre leur vie ».

L’émulation est forte au grand bonheur de la raison ! Car d’autres étudiants décident de se surpasser. Et pour ce faire, ils ne tarissent jamais d’inspiration : se regrouper au coin d’un bloc, histoire de fumer quelques cigarettes à l’envi au son des éclats de rires bruyants, des moqueries et autres quolibets que l’on peut entendre très à distance.

La fumée, on n’hésite pas à la laisser échapper dans les boutiques, les restaurants privés, les rues du campus au mépris de la morale et du respect qu’on doit à autrui. Je me demande qui sont ces personnes effrontées dont l’insanité des actes défie les prescriptions de la pudeur ? Pensent-elles que cette brousse de Sanar au fond de laquelle loge cette Université est une jungle ?

J’ai été témoin, très chers lecteurs, d’une scène montrant des sportifs dans une salle télé entrain de préparer mystiquement une rencontre. Leur plus grande trouvaille, c’est d’avoir inondé la salle de leur eau bénite et Dieu sait que le liquide coulait abondamment. Et cela, pendant que leurs camarades attendaient, interdits, dehors pour tenir une conférence.

Mais comment s’indigner de ces actes quand je constate que ceux des personnes qui devraient nous servir d’exemples sont parfois loin de valoir le détour ? Faisons un petit détour justement par les UFR pour mieux en juger. Ils sont nombreux, en effet, les étudiants dont les témoignages m’apitoient et cela m’est toujours resté en travers de la gorge. Me reviennent toutes ces causeries et discussions dans certains bureaux au sujet d’affaires purement personnelles pendant que des gens languissent à l’entrée, attendant leur tour. Il m’est arrivé un jour, au service pédagogique de l’UFR LSH, d’assister à l’ouverture des guichets après 10 heures pour un service qui devait fonctionner dès 9 heures du matin. Aussi, ai-je eu l’occasion de voir un des agents du personnel  éconduire des étudiants à 11h 18 minutes alors qu’ils en avaient encore jusqu’à 11h 30. Un camarade m’a même confié qu’un jour ce même agent a fermé le guichet à 10 heures au simple motif qu’il a commencé à travailler dès 8 heures. Mais qui lui a demandé de venir à cette heure ? Personne n’exige de lui, ni plus, ni moins que respecter strictement ce qui est affiché, puisqu’il ne travaille pas les samedis et dimanches.

Sur quel compte dois-je mettre toutes ces erreurs sur les attestations et notes des camarades étudiants en début d’année qui se débattent matin et soir pour se les faire corriger ?

Je me sens perdu et, comme un aveugle qui cherche son bâton, je titube, puis vacille… Je me sens comme un étranger. Exilé de l’intérieur que je suis, dans ma propre Université, je passe parfois mes journées à ruminer mon « altérité ».

Ce qui est étrange dans ce campus, c’est que toutes les personnes auxquelles j’ai fait allusion ici ne se prennent pour fautives puisque pensant avoir de « bonnes raisons » de faire ce qu’elles font. Chacune va son bonhomme de chemin. Voilà ce qui exacerbe ces rationalités meurtrières.


L’éternel Sanarois

Source: Senego
Source: Senego

Tant d’hommes et de femmes décrivent encore leur passé avec brio. Mais l’étonnante façon dont Mouhamadou Mounir s’y prend confine tout simplement à l’irréel. Ce jeune enseignant ayant vu le jour il y a quarante trois ans à Louga, garde encore un attachement superstitieux à son passé. Un indémodable passé qui ne passe toujours pas. Une évocation fascinante de cette partie de sa vie d’étudiant qui commença à Sanar. Inutile d’ajouter que des milliers de « made in Sanar » se reconnaîtront dans cette rétrospective à laquelle, inéluctablement, quelque once de mélancolie vient s’accrocher.

 Retour sur une expérience unique
A l’instar de Mamadou Bamba TALL, qui s’inscrivit le premier à l’Université de Saint-Louis et dont le portrait figure dans le N.09 du Journal Le Campus,  Mouhamadou Mounir Sy est né à Louga. Tout aussi comme le premier nommé, le second fut de la première génération de l’UGB.
C’est à vingt et un ans que cet exégète devenu du droit foula pour la première fois le sol encore vierge de l’UGB. Un premier souvenir quelque peu douloureux qu’il explique par un climat « maussade, austère et très difficile ». Ce qui le fonde à enchaîner : « Face à cette atmosphère, nous étions contraints de nous aider les uns les autres comme les membres d’une même famille. Sanar a été pour nous une vraie école telle le bois sacré au point que 20 ans après, nous nous réclamons de SANAR et exhibons partout notre fierté d’être diplômé de l’UGB ».
L’actuel directeur du BSDA (Bureau Sénégalais du Droit d’Auteur) s’était inscrit à la SectionCollectivités Locales de l’UFR Sciences Juridique et Politique (SJP). C’est là où le privilège lui fut donné de rencontrer le Pr. Babacar Kanté à qui il voue manifestement une irrésistible admiration : ce dernier est et « demeure toujours mon maître « parce que c’est lui qui m’a appris à apprendre le Droit, et qui m’a enseigner à enseigner le Droit ».
Son adresse au campus, Mouhamadou Mounir SY s’en souvient comme si c’était hier : « 8 G2 A ». On apprend avec ce passionné qui se raconte que « l’excellence au service du développement » est un vieux slogan accrocheur, fût-il implicite à l’époque : « J’ai été attiré par la devise de l’Université de St-Louis : Université d’Excellence ». A cette première raison, Mounir Sy ajoute d’autres qui l’ont poussé à s’inscrire à l’UGB : la nouveauté de cette Université et la crainte d’être orienté à l’UCAD.
De ses anciens camarades sanarois (Cheikh Yérim SECK, Aly Tandian, Bamba Yade, Waly Fall, Mass Gueye, Amadou Lamine Dieng, Ousmane Thiongane, Tamsir Jupiter Ndiaye, El Hadji Abdourahmane Diouf) avec qui il entretient de solides relations, Mouhamadou Mounir garde encore un souvenir vivace. Leur courage, leur persévérance et surtout l’amour qu’ils se vouaient les uns aux autres ont singulièrement retenu son attention.
Les relations de ces derniers avec les autres composantes de l’UGB viennent en appoint à ce climat social déjà enviable : « Les enseignants aussi, de qualité, se comportaient avec nous en bon père de famille parce que diligents, prudents et avisés. Parmi eux, je peux citer Samba Traoré, Isaac Yankhoba Ndiaye (Jacob), Serigne DIOP, Abdallah CISSE et surtout BABACAR KANTE qui est et demeure mon Maitre. Je dois également citer les administratifs comme Saliou Rama KA, alors Directeur du CROUS, Ndiaye Tintin, Armand le médecin, CISSE, Chef de village, Galandou et Pa Ndiaye, chefs de village et Bilal au Restaurant. Au rectorat, je pense à Doudou Diop, à Yatou, à Saer Gaye, à Nafi standardiste, Cheikh Gaye et Mboup au centre de presse entre autres ». Toutefois, ceux qui l’ont le plus marqué à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis sortent de ce lot : Cheikh LEYE (Juge à la Cour des Comptes) et Mbacké DIA.
Tout concourt à indiquer que la première génération de l’Université de Saint-Louis entretenait de magnifiques relations avec les habitants de Sanar. Ce témoignage du juriste vient le confirmer : « Lorsque Serigne Abdoul Aziz SY al Amine était venu me rendre visite à ma chambre, des habitants de Sanar Peulh et Wolof se sont rués vers le 8g2A en raison des relations très étroites que je nouais avec eux. Pendant les ziaras à Tivaouane pour voir Mame Abdou Dabakh et Serigne Mansour SY, les habitants de Sanar nous ont toujours accompagnés et venaient souvent me rendre visite surtout chez les Wolof la famille d’Ablaye FALL et MADAME Boutiquière à Sanar Peulh ».
Hélas,  après son obtention de la maîtrise de droit public, Mounir Sy va devoir couper le cordon ombilical d’avec l’Université qui l’a vu monter graduellement les échelons pour la France.  En effet, il n’y avait pas encore de troisième cycle à Saint-Louis ; ce qui le conduisit à prendre le chemin de Toulouse.
Bien des années après son départ de Sanar, Mouhamadou Mounir Sy participe encore à en perpétuer l’inoxydable prestige. Le gérant de restaurant Bilal à qui il faisait allusion –et que nous sommes allés trouver, tout au début de notre entretien, parle toujours de lui comme d’un garçon posé, réfléchi, imbu de politesse et soigneux de ses études. Voilà qui rime joliment avec l’image que réfléchissent ses analyses, ses prises de position dans les débats publics. Bref, la personnalité d’un intellectuel tout sauf « à gage », consciencieux, généreux dans le décryptage,…tout le contraire d’un juriste retors.
 Des conseils pour les étudiants sanarois, Mounir Sy n’en manque pas : « Rester dans la philosophie de SANAR. Favoriser le meilleur. Fouler le sol, c’est peu dire. Rester eux-mêmes et chercher à devenir toujours le meilleur ».
« Mon rêve, martela-t-il,  est de servir l’Université qui m´a forgé ». A quoi on peut répondre-pensant à la célèbre loi universelle d’Emmanuel Kant- pourvu que tout le monde en fasse de même !


Repose en paix Ousmane !

Ousmane Masseck Ndiaye Photo Ousmae GUEYE
Photo: Le Gandiol en un CliC

Discret, mesuré, philanthropique, respectueux, travailleur, rassembleur, fidèle… Il était tout cela à la fois. Le cumul des vertus se révélait chez Ousmane Masseck Ndiaye comme le trait le plus distinctif de sa personnalité.

Par delà les témoignages poignants à son propos, j’aimerais faire entendre ma voix. Celle d’un jeune homme, un blogueur, un passionné du Gandiol qui a couvert les tournées de cet homme politique tout au long de ces derniers mois.

Dans cet article, je propose le lien du film (tout brut) que j’ai tourné lors de notre première rencontre à Mouit Gandiol. C’était par un soir qu’il se voulait très conciliateur. D’un ton d’autorité ainsi qu’il en était accoutumé, il demanda aux jeunes de bien entretenir la jonction de leurs forces. Même conseil réitéré à l’endroit des moins jeunes dont l’actualité se confine en général à des querelles politiques passionnées.

Ayant gravi un nombre incroyable d’échelons en l’espace de quelques années, il ne manquait pas d’arguments pour sombrer dans la fanfaronnade. Il s’en était volontairement privé. Cette fulgurance dans l’expérience et dans la tenue lui avaient valu une écoute inaltérable chez les jeunes du Gandiol. Aussi, je « récidive » avec cet autre lien puisque notre regretté disparu avait reçu une délégation du Gandiol au siège de l’ex Conseil Economique et Social (CES).

Le Sénégal perd un homme de qualité d’une dignité indiscutable. A tous les jeunes et vieux du Gandiol, à ses parents, amis, proches, compagnons de toujours, collaborateurs, je fais part de mes condoléances les plus attristées assorties d’une compassion non compassée.

Que Dieu, par son immense Miséricorde, le reçoive dans son paradis.

Amine !


L’art de l’obstruction en politique

Source: https://www.homeviewsenegal.com
Source: https://www.homeviewsenegal.com

Nos apprentis politiques seraient-ils en train de jouer les prolongations de l’élection présidentielle de Mars dernier ? Tout conspire en tous les cas à le suggérer. Parce qu’au fond, ce qui se joue et se déjoue dans ces audits qui font notre actualité politique, c’est, d’un côté, un camp qui désire que le cours de l’histoire avance à pas de charge et, de l’autre, une clique réduite plus à défendre qu’à attaquer. Et dans ce rôle ingrat auquel le train des choses les a confinés, les libéraux se débattent pas mal ; n’hésitant pas à sortir la grande artillerie, fût-elle contreproductive, voire ridicule.

Car comment expliquer l’initiative de la motion de censure, sinon qu’elle fait écho à la réalité d’une arène politique minée par des embuscades de toutes sortes ? L’évidente explication -parce qu’elle tombe sous les sens-, c’est que cette motion a pu offrir un temps d’antenne insoupçonné, dans un théâtre aussi symbolique qu’est l’Assemblée Nationale et à un moment aussi accusateur où le PDS  manquait d’opportunité de réplique. Les opposants déçus voulaient cristalliser toutes les attentions sur leur prétendue condition de persécutés. C’est désormais chose faite. Mais à quel prix et pour quels effets ?

Les héritiers de Wade n’ont eu de cesse de chercher le Président Macky Sall sans jamais avoir pu l’avoir. Ils l’ont accusé en effet à plusieurs reprises de ne s’être pas assez clairement expliqué sur sa fortune, d’avoir été enrichi par leur papa d’idéologue, le Président Abdoulaye Wade.

Son talon d’Achille, le Premier Ministre, porteur par définition de la politique du patron Sall, banquier par ailleurs, donc mesuré, « civilisé » et trop timide pour être provocateur, était la cible idéale.  Avec une motion de censure en « Si » et avec du conditionnel, ils se sont attaqués collectivement à lui en associant les pires atrocités à son nom. Et curieusement, -mais peut-être parce qu’il n’est jamais trop tard pour se repentir !-, ils ont cru devoir donner des leçons de morale et d’éthique, quand ce n’est tout simplement de bonne gouvernance. Et ce, parce que, se sont-ils défendus entre autres arguments rapportés par le Journal officiel, qu’ « annoncé comme imminent, le procès de Hissène Habré devant une juridiction ad hoc à Dakar pourrait fragiliser le Premier ministre Abdoul Mbaye (…), si la justice venait à se pencher sur les conditions de gestion des fonds que l’ancien président tchadien a emmenés dans sa fuite précipitée de Ndjaména ».

Si vraiment cette préoccupation est sérieuse, pourquoi n’avaient-ils pas demandé à Abdoulaye Wade de rendre le tablier, quand Président de la République, des faits et témoignages suffisamment probants lui ont imputé la responsabilité de l’assassinat de Maitre Babacar Sèye ? Pourquoi n’avaient-ils pas conseillé leur idéologue de père de « quitter le pouvoir » à la suite du scandale de l’affaire Segura ? Du vote de la Loi Ezzan ayant abouti à la grâce des condamnés dans le meurtre du juge Sèye ?

Pourquoi n’ont-ils pas observé la même logique quand Maitre Ousmane Ngom fut mis en cause par l’opinion sénégalaise et les médias dans la mort du jeune Mamadou Diop ainsi que nombre d’autres acquis à la cause de l’ancien Président de la République ?

Le fait est que, extirpés du pouvoir le 25 Mars dernier, les libéraux ont quasiment perdu toute légitimité. Aux yeux de la majorité de l’opinion, ils ne passent que pour des pillards, dépouillés de toute éthique et de tout patriotisme. Sans la moindre majorité à la représentation nationale encore moins dans le gouvernement actuel, ils n’ont que la rue et l’opinion pour pleurer leur triste sort. En plus –et ce n’en est pas la moindre explication-, le PDS (ou tout au moins ce qu’il en reste) n’arrive toujours pas à envisager Macky Sall, hier un des leurs, compagnon de route, derrière Abdoulaye Wade de qui il devait tout accepter, devenir en l’espace de quatre ans, le Président de la République du Sénégal. C’est à travers ce crible qu’il faut analyser la sortie –et la récidive- de Maitre Amadou Sall.

Incapable de proposer un projet de société pertinent –parce qu’ils viennent d’être désavoués par les Sénégalais lors de la dernière présidentielle-, suspectés de toutes parts et pour des chefs d’accusation en augmentation continue, les libéraux ne peuvent désormais que créer du spectacle médiatique permanent pour exister. Et dans cette perspective, la politique de l’obstruction qui se caractérise par le refus hypocrite de tous les projets de société que se fixe le gouvernement sans la possibilité de leur substituer des idées de rechange.

De ce qui précède, suivra une société des victimes, figure que les libéraux veulent vaille que vaille et à tout prix incarner pour se dérober à la justice. Le seul salut qui puisse faire avancer les débats –au lieu de les crisper-, est de n’avoir cure des émotions et des états d’âme pour se concentrer sur l’essentiel : faire la lumière sur la gestion opaque de ces derniers et avancer. La légitimité du Président Macky Sall se joue sur ces termes.

Ousmane Gueye


La fin des maîtres

Dans une chronique intitulée, il y a quelques mois,  « Les oscars du plagiat », je pointais déjà la terrible déchéance des  maitres. Ceux-là qui se vautrent de plus en plus dans la facilité et sa culture, commencent malheureusement à faire légion. Si ailleurs, ils sont combattus et punis en vertu de la loi, chez nous, hélas, le masla dans sa version pervertie, constitue le dernier rempart contre la sévère correction qu’on doit apporter à leurs contraventions.

Je serais tenté de dire qu’il faut que le regard réprobateur change de camp : si d’ordinaire, il y a un conseil, un comité, que sais-je… pour contrôler le travail des étudiants, il faut que ce même souci de transparence préside à la volonté d’évaluer et de surveiller nos chercheurs.

C’est aussi une exigence que nous devons instaurer au sein de nos Universités à l’heure où le chantier de l’audit des fonctionnaires est ouvert. Comment peut-on accepter qu’un « professeur » payé pour dispenser des cours et faire de la recherche, puisse se permettre de copier-coller les leçons de ses collègues en raison de la facilité qu’offre Internet ?

Comment peut on comprendre que ces mêmes enseignants puissent se permettre de dire –la chanson est connue – « rendez-moi mes mots » lors des évaluations ? S’avisent-ils un instant, seulement un instant, qu’ils sont en présence d’apprenants probablement plus instruits et plus informés qu’eux ?

Ne se rendent-ils pas compte que nous ne sommes plus à l’âge d’or de la presse écrite où les journaux n’étaient lus que par quelques privilégiés qu’on appelait avec- une certaine once de condescendance-, l’« élite » ?

A l’heure où vous lisez cette réflexion, à l’heure de la société du savoir, le cours de l’histoire s’est, comme qui dirait, inversé : la connaissance n’est plus otage d’un cercle restreint d’illuminés, voire de prophètes qui prédisent notre avenir ou sondent les mystères du ciel.

Nul ne peut s’enorgueillir de la détenir au détriment de ses semblables. Les livres fourmillent dans les bibliothèques aussi bien traditionnelles que numériques. L’imagination humaine devenant de plus en plus fertile quand elle n’est pas vive, le savoir non mis à jour devient rapidement caduc en raison de l’information qui circule très vite.

Toutes choses délégitimant nos grands maîtres qui, à force de nier le réel, se ridiculisent de jour en jour. J’en ai vu un de très présomptueux et de très condescendant qui n’a comme artifice que de sophistiquer des évidences, entendez complexifier le simple.  Je suis toujours meurtri quand j’entends certains étudiants, quelque peu ingénus, dire « comme l’a dit Monsieur… « La citoyenneté active »… Au train où vont les choses, la citoyenneté est nécessairement active, j’allais dire par définition. Nous sommes loin du temps où on se la disputait juridiquement. La mode intellectuelle la pense désormais en la connectant aux luttes pour le mieux-être, l’intégration des minorités, les égards pour la nature, l’exigence de s’expliquer et de rendre des comptes de plus en plus prononcée des populations à l’endroit des régimes en place… Déjà aux environs du Vème siècle, était considéré comme citoyen chez les Grecs, celui qui participait aux affaires de la cité, entendez qui exerçait des actions allant dans le sens de peser sur le cours des choses. Tout le contraire de ceux dits « esclaves » qui n’avaient pas accès à l’Agora, l’espace public. Même cas avec ce que furent les quatre communes au Sénégal où existait une dichotomie entre sujets et citoyens.

Donc entendons-nous bien : l’adjectif « active » postposé à « citoyenneté » n’ajoute aucune information supplémentaire. La notion d’activité (au sens de « actif ») est déjà contenue dans le mot « citoyenneté ».

C’est à peu près la même observation que je fais d’une autre appellation hélas devenue très courante et entretenue par certains maitres : « honnêteté intellectuelle ». Mais diable, comment peut-on être intellectuellement honnête pendant que, dans d’autres sphères d’activités, on est hypocrite ou traitre ?

Quand ce n’est pas la sophistication de ces évidences, les maitres butent très souvent sur des évidences mêmes allant jusqu’à travestir la pensée d’honnêtes auteurs. J’ai suivi le cours de l’un d’eux. Il était question de distinguer « sociologie critique » et « sociologie de la critique » chez Luc Boltanski. Je vous donne ici le lien de l’émission où cet auteur faisait la distinction.

A ma grande surprise, l’enseignant en question n’avait rien compris de ces deux expressions puisqu’il disait en substance que « sociologie critique », c’est quand le chercheur se met dans une attitude d’objectivation (comprenez quand il s’autocritique, quand il adopte une position réflexive au sens de Bourdieu) et « sociologie critique », …allez savoir… Et le comble du ridicule, c’est qu’il en parlait avec une assurance déconcertante.

Au terme de cette réflexion (que je poursuivrai en d’autres circonstances), je suis navré d’autant que je me sens impuissant devant l’ampleur d’une telle culture de la facilité et du laisser-aller. Mon seul réconfort, c’est que tous les enseignants ne sont pas comme ça. Mais, c’est terriblement dommage que cet infime espoir ne peut compenser mon impuissance à freiner la vague.


L’impossible rencontre

En plus de m’avoir douloureusement frappé –ce que je partage avec tout le monde-, la disparition de Serigne Mansour Sy m’a vivement surpris. Surpris car je ne l’avais plus revu (à l’écran) depuis plusieurs mois. Je n’étais pas non plus au courant de son hospitalisation. Peut-être que c’était recherché et voulu par les autorités religieuses de Tivaoune ; les informations de ce genre étant en général trop prisées par des médias en mal de nouvelles.  

Aussi, dois-je ajouter que je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer, encore moins de l’apercevoir en dépit de mes voyages récurrents dans la vie sainte. J’ai aimé la voie tidjane tout jeune dans les rues de Dégou-Niayes. Je revois encore ma mère assise sur la véranda de notre maison, après ses retours du Gamou tandis que j’accourais vers elle. Notre quartier et même les autres quartiers voisins sont de fidèles Tidjanes. Je les imagine eux aussi vacillant sous le choc. Perdre Serigne Mansour est une chose, mais devoir faire sans lui pour le reste de nos jours est nécessairement une autre.

Sans inscrire mon propos dans le chapitre des témoignages, -ce qui risquerait d’être tout simplement convenu car je l’apercevais de loin-, j’aimerais marteler qu’un fait m’a beaucoup impressionné chez lui. C’était lors de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle au Sénégal. Le candidat Macky Sall avait fini de prononcer son discours, celui-là même que des malhonnêtes ont voulu rendre fameux pour « attaque aux marabouts ».

Quelques jours plus tard, Serigne Mansour Sy a bien précisé que le discours du candidat de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) était juste et que donc les « marabouts sont des citoyens comme les autres ».

Seigneur, Toi qui est le Créateur de l’Univers, Le Clément, Le Miséricordieux, L’Omniscient, L’Omnipotent, L’Omniprésent, Toi qui entend ce qui se dit au fond des cœurs et ce qui se chuchote dans le silence de la nuit, je Te prie, m’agenouillant devant Toi, de recevoir Serigne Mansour dans ton Paradis. Seigneur, permets lui de rencontrer le Prophète Mohamed, de lui serrer la main et de regretter avoir tardivement quitté ce bas-monde.

Seigneur, protège-nous ; guide nos pas et accorde le paradis à nos morts !

 

 


Ce que j’attends du nouveau ministre de l’intérieur

Des journalistes se plaisent à répéter, comme par devoir de vérié, tout le bien qu’ils pensent du nouveau ministre de l’intérieur. Je trouve que ce n’est pas mal. Mais il aurait été génial de de ne pas occulter le désordre qui a défrayé la chronique ces derniers jours dans notre pays. Et cela, en vue de mieux marquer l’urgence et la pertinence de la domestication des forces du chaos, véritables négatrices de la société démocratique. 

Ce que je désigne sous cette appellation, c’est la barbarie qu’incarnent ceux-là qui ont la promptitude doublée de la propension à recourir à leur propre justice en sapant la Justice. Il n’est que de réinvoquer le saccage des locaux de Walfadjiri, de Las ou encore de 24h Chrono pour exiger qu’on en revienne à une société civilisée.

Jamais dans notre mémoire collective, un culte de la violence n’a été aussi entretenu, voire impuni avec autant de laxisme. L’Etat a visiblement laissé faire, quelles que puissent être par ailleurs les objections qu’on peut opposer à ce propos. S’en suivirent des règlements à l’amiable au détriment d’un jugement durable.

Quelques foyers « maraboutiques » devenus inattaquables ( !) en vertu de leur caractère « dogmatique », se sont transformés, de fait, en sanctuaire. Ils entendent, de ce point de vue, vivre en marge de l’Etat quand ce n’est en Etat dans l’Etat. C’est cette perversion des ennemis de la liberté d’opinion qu’il faut anéantir de toute urgence au risque d’instaurer dans notre pays une justice des barbares. Cela constitue à mon sens le chantier le plus prioritaire dans le nouvel ordre de priorités parce qu’il est à la base de notre pacte social. Et sur ce point, je ne saurais pardonner le moindre manquement de notre Justice.

La légitimité du nouveau régime incarné par le Président Macky Sall se joue à ce niveau. Car si les Sénégalais ont chassé l’ancien opposant au pouvoir Abdoulaye Wade, c’est surtout à cause du fait que l’inégalité juridique de facto des citoyens était devenue trop criante pour être tenable. Quelques colonnes de fumée à l’immeuble Tamarro avaient suffi en effet à ameuter tout le gouvernement. Tandis que des Sénégalais sans défense tombaient sauvagement sous les balles d’hommes de tenue, le Président Wade regardait faire. Et les exemples font légion au point de ne pas nécessiter qu’on s’y attarde. A la suite des manifestations induites par la validation de sa candidature par le Conseil Constitutionnel, (faut-il le rappeler), l’ancien locataire du palais de la République fit une sortie inattendue pour dire qu’il considérait ces agitations comme une brise.

Il faut que tout cela s’estompe et que de nouvelles lumières soient jetées sur le traitement des citoyens. Cela passe nécessairement par la cessation de l’impunité et la fin des « sanctuaires » car on ne saurait admettre, non le fait, mais l’idée-même d’une République des privilèges. Aussi, l’urgence de l’interdiction des « milices maraboutiques » doit être remise au gout du jour.

Que les fauteurs de troubles n’aient point la liberté d’obtempérer impuniment à leurs instincts dévastateurs. Si la civilisation ne peut point les y contraindre, la cravache doit être en mesure de le faire. Car enfin ce pays n’appartient à personne !



L’Afrique n’a de leçons à recevoir de personne !

Il est déjà assez formidable que l’Afrique ait entretenu de si mémorables liens avec la France. Il n’est qu’à fouiller dans le passé des deux nommées pour s’en convaincre. Mais la façon dont on analyse les rapports entre la France et l’Afrique est loin de m’agréer en vérité.

 Pourquoi en effet chaque fois qu’un dirigeant français est élu à l’Elysée, les Africains  se posent rituellement la question de savoir ce qu’il fera pour l’Afrique ? Pourquoi voulons-nous restés éternellement inféodés à cette problématique de la dépendance économique, politique, militaire et j’en passe ?

J’ai écouté avec la plus grande attention l’interview que François Hollande a accordée à TV5, France 24 et RFI. J’ai beaucoup aimé sa franchise, voire son discours cru et cuit à l’égard des dirigeants de la RDC, de son opposition ainsi que d’autres hommes politiques africains.

Il est tout à fait normal que la France veuille fourrer son nez dans nos affaires parce que nos Chefs d’Etat ont toujours ou presque la main tendue vers l’Occident. Il est vrai que dans un monde de plus en plus interconnecté, de plus en plus interdépendant, certains pays soient redevables à d’autres.

Mais la manière dont l’Afrique l’est à l’endroit du reste est tout simplement ridicule. Plus qu’un acté, notre continent n’est, comme dirait l’autre, rien moins qu’un enjeu. François Hollande a vanté notre place de plus en plus croissante sur le marché international. C’est à nous d’en être conscients et d’œuvrer pour que cet avantage reste le nôtre. Certes, -mais cela est loin de suffire, sinon, ça ne veut rien dire-, il a, sans le dire, mis de côté la France-Afrique pour affirmer des relations fondées sur la transparence et la bonne gouvernance. Si nous devons être transparents, justes, soyons le pour nos populations, pour nous-mêmes et non parce que nous voulons plaire à des Occidentaux ! Il est temps que nous sachions que nous ne devons avoir des leçons à recevoir de personne. Je remâche toujours avec remords la petite phrase de Nicolas Sarkozy lorsque ce dernier avait laissé entendre qu’il irait prendre les détenus de L’arche de Zoé, quoi qu’ils aient fait ! Ce sont à cette condescendance et cette arrogance que nous devons sonner le glas, au risque de vivre sans dignité !


Vers le retour à l' »état de nature » ?

Le 23 Février dernier, j’avais écrit vers le retour à l' »état de nature » ? Quelques semaines plus tard, j’ai envie de publier à nouveau cet article pour mieux apprécier la situation du pays.

Les coupables de cette mise en sang de notre cher pays ont-ils répondu de leurs actes ? Les pauvres patriotes qui étaient massacrés dans la rue l’ont-ils été pour rien ? Qu’en est-il de l’arrivée de l’ancien candidat Macky au Palais de la République ? Car, sauf à m’accuser de précipitation, le nouveau locataire du Palais ne rassure pas: recyclage et wadisation du pouvoir pour le moment…

Bref, nos morts sont-ils morts pour rien ? Notre argent s’est-il volatilisé impunément ? Retour…

Chère  amie,

Je suis très enthousiasmé d’avoir pu te lire, j’ai envie de dire en un tournemain. Je suis aussi ravi d’être encore en vie ( !) parce que la mort est partout par ces temps qui courent au Sénégal. Nous avons un Président de la République qui avait argumenté qu’il ne peut plus se présenter pour un troisième mandat (voir ce lien). Et voilà qu’il se dédit si tenacement en martelant que jamais il ne s’était exprimé sur une chose pareille. C’est la preuve, soit qu’il n’est plus conscient de ce qu’il dit, soit qu’il ne tient pas ses paroles. Et quoiqu’il puisse redire, il s’est déjà dédit en banalisant la parole jadis sacrée, sinon respectée d’un Président de la République.

Quelques gens ridicules ont longtemps – peut être qu’ils déchanteront maintenant- soutenu que ce vieil opposant est un des plus illustres esprits éclairés au monde. A quoi ils ajoutaient presque avec la même passion zélée que le Sénégal a enfin un économiste brillant au volant.

Eh bien, laisse moi les prendre au mot. Ce même « juriste chevronné » qu’il « messianise » a dit devant une caméra qu’il a verrouillé la Constitution. Objecteront-ils que c’est l’avis frivole d’un non spécialiste ? Je dois les plaindre et je m’imagine mal comment ils ont pu dire pareilles sottises aux limites de l’hérésie. Dans un pays « normal », la vindicte publique les aurait peut être contraints à l’exil ou au silence perpétuel. Néanmoins, ils doivent leur salut aux mauvais temps qui font que la parole perd de plus en plus de sa valeur. Et pour ma part,  cela tient évidemment à une crise de plus en plus douloureuse de la pudeur dans mon chers pays.

Aujourd’hui qu’il s’est illustré si pitoyablement, voire si déloyalement, Abdoulaye Wade  n’a qu’à tirer sa révérence.

Dans ton courriel, je m’attendais que tu t’exprimes sur le cas Marine Le Pen, j’allais dire le phénomène Marine Le Pen. Comme son vieux de père, elle ressasse les mêmes arguments « anti émigration » et à mon avis rétrogrades. Je sais qu’elle n’est pas très aimée des Français, mais pas très détestée non plus. Je ne quitte pas les sondages une seule seconde : je suis comme si c’était chez moi. Parce que ce qu’il faut dire très brièvement, c’est ce que le monde devenu un gros village (mais pas dans l’acception de Marshall Mccluhuan)  est interconnecté à ce point que ce quand la France s’enrhume, tous les autres pays du monde sont amenés à éternuer.

C’est une donne pas très nouvelle qu’il faut prendre en compte. Je ne te fais pas une leçon en relations internationales, mais tu dois savoir que désormais rien n’est anodin, rien n’est insignifiant ; tout semble procéder d’un calcul.

Revenant au phénomène Marine Le Pen, je trouve, pour le dire un peu à la manière d’Emmanuel Todd (démographique et sociologue) qu’elle a le mérite de nous révéler cet autre visage  – parmi mille- de nombre de gens aux idées extravagantes.

Serais-je coupable d’ingérence ?

Je m’arrête là en attendant de te relire très vite !


L’étonnant Benoit Ruelle

Bien des années après son départ de Radio France Internationale (RFI), Benoit Ruelle résonne encore à mes oreilles. Des résonances aussi étonnantes que profondes, savantes aussi. Mon écoute est endeuillée, mes dimanches déserts et sa voix qui s’est tue, s’élève comme jamais et rien ne peut plus être comme avant. Je republie ce texte que j’avais rédigé à son propos le 28 Octobre 2010.

Je ne l’oublierai jamais, ce rude après midi du dimanche 28 Mars 2010.

Ce jour là, je l’avais manqué ainsi qu’il en est d’habitude puisque trop pris entre les tables bancs. J’étais alors en seconde année de sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Un ami, après quelques échanges coutumiers de nouvelles, m’instruisit du prochain départ de celui qui fut l’apôtre des « Idées » sur RFI pendant plusieurs années.
Benoit Ruelle, c’est bien son nom, me laisse orphelin, plongé que je suis dans une éternelle solitude. Je ne suis plus servi des étonnants « bonjour et bonsoirs » tous les dimanches dès 16h10 temps universel. Nous étions nombreux, étudiants, professeurs à lui tendre l’oreille. Même si nous le manquions, nous nous précipitions sur la Toile pour télécharger les dernières éditions. Benoit Ruelle vivait profondément en nous et continue encore de nous inspirer, bien des semaines après son départ de RFI.
Ce qui me subjuguait surtout en ce génie, c’est son extraordinaire capacité à problématiser, à synthétiser aussi. Chose dont je reste encore bien nostalgique. Quand il introduisait son émission, on eût dit qu’il rédigeait une thèse tant il donnait de l’importance à ce qu’il faisait. Un ami journaliste trouvait même sa bibliographie dans les émissions de Benoit Ruelle en achetant les livres qu’il recommandait.
Tes propos de ce jour du 28 Mars 2010 résonnent encore à mes oreilles : « Bonjour ou bonsoir, vous le savez c’est la dernière fois que je me trouve derrière ce micro pour vous présenter Idées. Rendez vous hebdomadaire, après Panorama International et Résonnances que je vous ai proposé il ya 15 ans. Mon ambition fut simple : défendre avec modestie et détermination la cause des idées et par le fait des essais et des revues culturelles. En effet, j’ai la faiblesse de penser que vivre en humain libre et responsable suppose la maitrise intellectuelle d’un certain nombre d’enjeux qui conditionnent notre vivre-ensemble. Comment beaucoup d’entre vous ont le plus grand mal faute de moyens matériels de toute sorte à accéder à cette maitrise, la mission du journaliste que je suis fut de mettre à votre disposition par l’entremise des ondes ce à quoi vous ne pouvez accéder facilement. J’espère ne pas avoir trop démérité, j’espère que nous pourrons nous retrouver un jour ou l’autre pour d’autres aventures intellectuelles. J’émets enfin le vœu que Radio France Internationale maintienne un niveau d’échanges intellectuel susceptible de rapprocher les femmes et les hommes de bonne volonté ».
Tu nous manques énormément très cher professeur. Reviens vite parmi nous.

 N.B: Vous pouvez le retrouver sur son blog.