Ma grand-mère m’a quitté hier !
Mame Dieynaba était sans pareille. Petit curieux que je n’ai jamais cessé d’être, je lui posais mille questions sur sa jeunesse au milieu de la brousse et des troupeaux de vaches, chèvres, moutons et autres. On eût dit qu’elle avait une mémoire d’éléphant, tant rien ne lui échappait de toutes ces flopées de souvenirs qui se chamaillaient dans son esprit. C’est avec regret aujourd’hui que je constate que je n’ai plus l’interview qu’elle m’avait accordée alors. Elle m’y entretenait de sa vie de jeune fille avec ses parents, des membres de son lignage, de ses joies et de ses heurts. Ce jour-là, comme d’habitude, je l’avais rejointe sous l’ombre des arbres qui se dressaient devant sa chambre. Je lui expliquais mes intentions et tout de suie, elle accepta de se raconter. De longues histoires ponctuées à chaque fois de rires. Je suis sûr que c’était le signe que le temps l’avait dribblée, l’avais devancée et maintenant, elle était la dernière des plus vieux descendants de ses parents. Son jeune frère qui en était l’avant dernier, est décédé quelques années auparavant alors que je me trouvais
Mame Dieynaba a rendu l’âme ce mardi 15 Février 2011 aux environs de 22heures si j’en crois mon jeune neveu Abdoulaye.
J’ai du mal à me rendre à cette évidence là que plus jamais je ne la reverrai sur terre. Nous étions nombreux à l’avoir accompagnée hier matin vers sa dernière demeure. Très concentrés sur ce que nous faisions, nous priâmes pour elle plusieurs fois, puis, le cœur serré, la glissâmes doucereusement dans sa tombe que nous avons ensuite refermé par des pelles de sable tantôt avec nos mains nues, tantôt avec un outil utilisé pour ça.
Cette scène d’une tristesse à rendre fou reste encore gravée en moi. Je n’arrive pas à croire que Mame Dieynaba est partie. Je n’arrive pas à croire qu’après mon retour de Saint-Louis, en accourant vers sa chambre, je trouverai quelle est cruellement vide. Je n’arrive pas à croire que cette scène était la dernière que je partage avec elle dans ce bas-monde.
Avec toutes mes larmes et un cœur meurtri mais qui se repentit soudain, je prie que Le Très Miséricordieux t’accueille dans son doux paradis.
AMINE