Ousmane Gueye

Dans les rues du Gandiol..

Chers lecteurs, je vous donne à lire (une fois de plus) cet article que j’avais rédigé il y a bien longtemps. Il relate de choses qui me tiennent beaucoup à coeur. Un écrit empreint de tristesse où je me revois dans les rues paisibles et poétiques du Gandiol. Quand je le rédigeais, je sentais les souvenirs de « dans les rues de Colobane » d’Aminata Sow FALL me peser.

Nous étions une dizaine d’enfants, insoucieux de l’air du temps dans les rues de Dégou-Niayes. Nous nous précipitions, tous les matins, sauf les jeudis et vendredis à nous rendre à l’école coranique d’OustazDjibril, non loin de nos demeures. Nous composions un formidable groupe d’amis : Magatte Sow, Souleymane, Mamadou Seybatou, Mouhamet Ba, Issa Malal Sow, Daouda Hadjel…

Cette impressionnante école était notre trésor commun. Nous adorions notre maitre .Mais aussi redoutions sa colère parce qu’il était d’une méchanceté indescriptible. Il ressemblait à bien des égards à Thierno(le maitre dans l’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane) Il lui arrivait de tremper longuement une branche, parfois un arbuste dans un sceau d’eau pour rendre notre correction plus cruelle. C’était pour s’en servir lorsque nous commettions des fautes qu’il ne voulait point nous pardonner.

Notre Thierno avait un fils d’une rare impertinence. Parce que nous étions des élèves et n’avions aucune possibilité de faire entendre nos voix protestataires, nous continuions d’être les victimes de ce fils-pécheur impénitent. Ce dernier écrasait nos crânes de coups de théières et nous n’osions pas rouspéter. Nous dévorions les versets coraniques inscrits sur des planchettes de bois, assis à même le sol ou parfois sur des nattes, les lendemains de pluies abondantes.

Hélas, de ces doucereuses relations, le vieux temps fera autrement.

Magatte Sow est devenu commerçant dans un grand magasin à Dakar. Daouda Sow et Mamadou Seybatou partagent leur temps entre les activités maraichères et maritimes. Souleymane « bouge » dans le « petit commerce » en tant que boutiquier ou vendeur à la sauvette», Issa Malal a carrément disparu des « écrans radars », Mouhamed dont le rêve est supposé heurté une vague au fond de l’Océan atlantique, ne donne plus de nouvelles.

Hélas, même les chemins sinueux de la brousse que nous empruntions pour nous rendre chez Oustaz sont devenus si impraticables, si austères. Ils sont dénués de toute note poétique et rien n’enchante sur cet espace morne et terne. La propension de la nature humaine à s’interroger devant le mystère, l’imperceptible me hante. J’ai envie de m’exclamer et de demander à cet espace: Qu’as-tu fais au ciel? Pourquoi il te traite si indifféremment ? Si cruellement ? Et l’envie me perce encore de me demander et de demander à mes condisciples : Pourquoi le temps nous a dispersés si vite? Pourquoi Mouhamed nous a faussés compagnie si tôt ?

Mon entente avec Magatte Sow intriguait même nos parents. Nous ne nous séparions jamais. Nous échangions nos habits. Et c’est en mourant de rires que nos mamans respectives remettaient nos « garde –robes » en ordre. Néanmoins, les relations avec Mouhamed sont restées les plus marquantes.

Hélas, Mouhamed !!! Tu es parti sur la pointe des pieds.

Je n’ai pas eu le temps de te regarder en face et de marteler que tu comptais pour moi. Aujourd’hui, quand je repense à ces images de petites querelles enfantines dans lesquelles les condisciples disputaient tes faiblesses et profitaient de ta naïveté, je ne peux que laisser couler des larmes de regret. Savaient-ils que ce doucereux « don de la nature » à qui ils cherchaient querelle et parfois qu’ils rouaient de coups, allait être arraché à leur affection quelques années, quelques années seulement, au sortir de l’école coranique ? Surement, non. Car ils n’ont pas eu le temps de faire leur repentir et de te dire « pardon ». Mais Mouhamed, je sais que tu n’avais pas besoin qu’on t’extirpe ce « pardon » ; tout dans ta nature conspirait à le donner car tu n’as jamais promu le mal. Tout comme le reste de la bande que nous composions avec toi, tu étais mû par l’obstination de tirer tes parents du cercle vicieux de la monotonie du quotidien où l’économie de substance ne subsiste même plus au long cortège des besoins domestiques.

Tout comme le reste de la bande, le traumatisme de la réussite sociale rôdait autour de toi. Car notre fierté commune était d’incarner la fierté des parents qui se sont mus entre ciel et terre pour notre épanouissement. Tu as goûté aux métiers les plus damnés de la terre. De l’agriculture pour laquelle les villageois se réveillent en pleine lune défiant les vagues de froid à la pêche maritime où on passe des semaines accrochés à un maigre fil des flots de l’Océan, tu as fait ce que tu pouvais. Les vagues de ce même Océan auront raison de ta fougue et de ta détermination. Mon cœur a chaviré le jour où cette tragique nouvelle est venue par je ne sais plus où, m’informer que tu es parti à jamais. Des témoignages fort bien fondés en sont malheureusement fort bien révélateurs. Un pêcheur rapporte t’avoir vu une dernière fois t’affairant sur la rive. Et lorsque la nouvelle se propagea qu’une pirogue transportant des « clandestins » venait de chavirer, sa conclusion ne tarda point : Mouhamed est mort.

Tout dans mon existence s’embrouilla. Brouille, nuages, morosité, « lugubrité », mélancolie, tristesse… tout renvoie au champ lexical de malheur ! Ta disparition si inattendue crée dans mon cœur meurtri un espace qu’aucune jouissance ne peut combler : il t’est réservé cher frère.

Sache que je ne t’oublierai jamais. Fatimatou, El Hadj, je tiens à eux comme jamais je n’avais qu’eux. Ils sont les uniques souvenirs à la mémoire de l’esprit de sollicitude et de courage en quoi se résumait ta vie. Nous acceptons ce sort si particulier du destin car sommes convaincus que ce Dieu qui t’a créé sans notre consentement, t’a repris sans notre volonté. Nous prions, du fond de ta sépulture si solitaire, que le Seigneur des mondes te comble de bienfaits et fasse de toi une âme paradisiaque par le simple motif que c’est Celui Le « Pardonneur ».

L’avènement de l’école française à Mboumbaye Gandiol me retira des mains d’Oustaz Djibril. Pour ma mère, il fallait aussi en cette fin nostalgique de l’année 1995, entrer en Classe d’Initiative(C.I).Il ne serait jamais assez de remercier cette « wonderful woman » qui représente tout pour moi. Elle symbolise à mes yeux la persévérance, l’amour du bien-faire, la détermination. C’était un choix qui allait transformer ma vie. L’ambition et la détermination qui animaient ma mère pouvaient s’appréciaient à l’aune du défi qu’elle venait de relever : s’opposer aux croyances collectives qui assimilaient l’espace scolaire comme le terreau par excellence de l’acculturation, de la perte d’identité et de la foi islamique. Néanmoins, Dégou-Niayes n’échappait pas à cet argument illusoire de l’instinct conservateur. Il n’était pas un village d’exception. A l’instar de beaucoup de ruraux, mes voisins avaient la promptitude d’adopter une position manichéenne pensant les valeurs bien ancrées dans la culture peule comme étant exclusivement les seules et admissibles et celles de l’Occident comme inacceptables. Mais la nature ne saurait accentuer cette cruauté d’opinion : ces gens ont bien fait de changer de fusil d’épaule, (« d’esprit ») en l’espace de quelques années seulement. Aujourd’hui on constate un fort taux de scolarisation et une propension à l’ouverture dans tous les sens.

Notre nouvel établissement flambait très neuf. Il dévorait tous les rêves et toutes les passions des enfants qui souffraient de la curiosité de connaître les secrets du Français.

L’école de Mboumbaye reste encore gravée dans nos souvenirs. De mémoire d’élève, jamais un établissement scolaire n’aura été tant soucieux, tant intéressé par les questions pédagogiques et sociales qui interpelaient ses élèves. C’est pourquoi, même à la sortie de celle-ci en 2001 après le CFEE, nous avons continué à entretenir de formidables relations avec nos ex-enseignants. Je ne peux pas chasser de mon esprit, je n’essaie même pas, car certain que ce sera vain, les années de bonheur que nous avons passées dans cet établissement. Des noms défilent encore dans ma tête : M. Daouda Sow, M. Khalifa Sy, M. Babacar Niang et d’autres et d’autres encore…

Je m’étais pris d’une amitié sans bornes avec Daouda. Après le départ de M. Fall qui nous avait alors en classe de CE1, Daouda est venu poursuivre avec nous à partir du CE2 et cela jusqu’au CM2.Le charme de notre consécration à la sortie du primaire est surtout facilité par le soin méticuleux qu’il apportait à nos cours. Il est des premiers à nous avoir habitués à l’exercice passionnant de l’attention portée à l’actualité. Il avait institué une rubrique appelée  « Quoi de neuf ? » inspirée de celle de Sud FM (une radio privée sénégalaise,).

De plus, Daouda nous gavait de culture générale jusqu’au risque de nous la faire vomir, tant nous n’en manquions point ! Vers la fin des cours, il posait la fameuse question  « A quoi je pense ? » C’était un passionnant exercice suscitant curiosité et ouverture. Comment oublier    la « boite aux lettres » ? C’est dans celle-ci où nous plongions des bouts de papier portant des questions sur des choses qui nous dépassaient. Chaque semaine, il dépliait ces papiers et tâchait de satisfaire à notre passion de connaissance.

Il portait sur moi une attention toute particulière. On eût dit qu’il me connaissait bien avant son arrivée à Mboumbaye. Oh que non ! Il me rendait visite chez moi ainsi que ses collègues. Il me donnait le goût de l’apprentissage et nourrissait mon rêve de perforer. Même après mon départ de l’école élémentaire de Mboumbaye, les mêmes relations entretenues avec la même intensité.

C’est pourquoi, je n’ai point hésité à chercher à lui rendre service et à mériter cette attention. C’est ainsi que j’ai connu les siens à force de visite et de courtoisie. Ces derniers habitent Fass Ngom, un beau village sis à quelques encablures de la ville de Saint-Louis du Sénégal.

Ces moments ont imprimé sur le cours de mon existence des traces indélébiles. Quand je rencontre ces vieux amis, ces anciens camarades de classe, ces inoubliables condisciples de l’école coranique, ces enseignants de l’école de Mboumbaye, ces parents du Gandiol et d’ailleurs, mon amour-propre en sort toujours grandi. Cela me ramène toujours à une exigence de modestie et à une attitude de reconnaissance. Tous ont marqué un moment de ma vie et quelque soit le statut et le rôle que le destin peut m’assigner, ce sera toujours de bonne guerre qu’ils s’en réclament. Cette réalité est encore beaucoup plus accrue et plus valable au Gandiol. Le type de socialisation qu’on y pratique n’implique pas seulement la famille nucléaire (père, mère et enfants), mais aussi la famille composée (celle au grand complet) et même tous les voisins. De sorte que tous les villageois participent à punir et récompenser les attitudes de n’importe quel enfant sans que cela crée des tensions en général.

Au regard du brillantissime passé que j’ai eu au Gandiol avec des amis que je ne vois presque plus,je ne peux que me laisser emporté par ces souvenirs si nostalgiques. Je vous replonge dans ces moments inédits. Je vous donne à voir ce passé (qui ne passe pas comme dirait l’autre). Une écriture pleine de tristesse, je l’avoue. M’est revenu à l’esprit, sans vraiment le vouloir, le texte d’Aminata Sow Fall, dans les rues de Colobane.


Le vieux Président et la provocation

Abdoulaye WADE doit bien avoir maille à partir avec le silence. En tout les cas, ce qui se dégage de lui, c’est cette impression. De ce point de vue, il n’est pas trop loin de ressembler à un animateur de radio, qui, pour éviter le vide d’antenne, met toujours de la musique. Chez WADE, cette musique s’appelle la provocation. Jamais, l’actuel locataire du palais de la République ne s’est  distingué dans ce genre d’exercice qu’il passionne si curieusement.

Abdoulaye WADE méprise manifestement le silence. Les belles formules, le ton paisible, le respect à ses adversaires, la déférence à ses concitoyens, le grand théoricien de l’alternance politique en 2OOO donne la sensation de les fouler au pied.

Sa déclaration d’hier dans la capitale du rail (sur laquelle je reviendrais plus loin), réveille des résonances bien récentes. Me reviennent à l’esprit l’image du 14 Juillet quand il assénait sa célèbre phrase, devenue depuis, une chanson populaire : « ma waxoon, waxeet », entendez, « c’est moi qui avais dit, je me dédis » !

Mon constat, c’est que notre Président de la République prend rarement la parole en temps utile. Jamais, je ne l’ai entendu présenter officiellement ses condoléances aux familles endeuillées dans les violences politiques de ces derniers jours. Je n’ai pas entendu le Président, non plus, regretter la mort de Mamadou DIOP tué lâchement lors de la manifestation du M23. Le même jour, sur la RFM, l’information a été rapportée que des individus ont tiré à plusieurs reprises sur une ambulance (ce n’est pas un jeu de mot !).

Quelques heures après cela, voilà le Chef de l’Etat qui réagit à ces violences y compris ces morts. Il qualifia toutes ces convulsions politiques de « brise ».

Je ne crois pas que lui et son directoire de campagne aient bien mesuré la portée de sa déclaration d’hier à Thiès quand il a dit que c’est bien lui, Chef de l’Etat, Président de la République du Sénégal qui a donné l’ordre à la justice d’arrêter les poursuites contre Idrissa SECK. J’ai fait deux observations à ce propos que d’aucuns, par imprudence pourraient trouver comme trop banal (c’est vrai, au demeurant qu’à force de se répéter, en temps utile comme futile, que la parole présidentielle se ravale en discours anodin et plat !).

D’abord, ce qui se dégage de son propos d’hier dans la capitale du rail, c’est qu’il prend une affaire nationale pour une question personnelle : si Idrissa SECK devait être poursuivi, c’est au nom d’une surfacturation (entre autres, dit-on) s’étalant sur plusieurs milliards de francs CFA. Comment, lui, Président de la République, peut-il mettre fin à cette enquête volontairement ? C’est-à-dire, suivant sa propre volonté, son propre but et non selon ce que veulent les Sénégalais ?

L’autre interprétation (et pour moi, en raison du contexte, c’est la plus saisissante, sinon, la plus détonante), c’est que son propos suggère que nous avons une justice aux ordres. De là, qu’est ce qui nous garantirait que Cheikh Tidiane DIAKHATE et ses hommes n’ont pas agi selon l’injonction du Chef de l’Etat quant à la validation de sa candidature ? Je précise brièvement que je n’aborde pas les autres facteurs (dont on parle) qui inclinent à croire que le Conseil Constitutionnel a validé la candidature de WADE injustement.

Par extrapolation, qu’est-ce qui nous dit que toutes les décisions de cette justice sous WADE n’ont pas suivi la même injonction ? En tous les cas, ce qui est sûr au moins, c’est qu’Abdoulaye WADE est encore (c’est-à-dire une fois de plus !) jeté un pavé dans la marre.

Je me dis, observant WADE, agir et réagir, qu’il ne peut se départir de sa stature d’opposant. Il est toujours dans cet éternel rôle de provocateur. L’autre a-t-il eu tort de l’affubler du surnom d’ « opposant au pouvoir » ?

 


Séduction, une arme fatale aux mains des filles…

Les sociologues et autres « phénoménologues ( !) » de notre temps doivent bien avoir du fil analytique à retordre. Désormais, leur curiosité est apostrophée quotidiennement par un cortège d’images persistantes. Une mode quelque peu démodée tant il est vrai que le phénomène a connu son âge d’or ailleurs, notamment en Occident, berceau, dit-on, des droits de l’homme. Comprenez- donc très chers lecteurs que si je le soumets à ma réflexion cette semaine, ce n’est point en raison de sa récence, mais plutôt de sa persistance. Je veux vous parler de l’habillement féminin à l’Université.

Inutile d’étendre le champ d’analyse aux autres sphères de notre cadre social, puisque ma conviction a toujours été de dire qu’il n’ y a aucune différence – factuelle- entre l’Université et le reste de la société. Ceux qui ont cru par exemple voir en la première nommée un îlot d’anges immaculés, ont vite déchanté après s’être rendus compte que l’Université a aussi ses plagiaires, ses paresseux, ses affairistes, ses jaloux…

Pour en revenir à l’habillement féminin à l’Université, je dois dire qu’il est, sous mes yeux, plus qu’intriguant. Jamais, chose ne s’était instillée dans nos habitudes avec autant de violence : il nous faut désormais, tous les jours, cohabiter avec ses strings qui débordent, ses soutiens-gorge qui ne soutiennent plus rien, ses fesses au dehors, enfin, cette douce et lente prostitution, mais sans le mot !

Penser à mon avis le goût vestimentaire de nos chères, -comme dirait mon chroniqueur politique préféré-, de plus en plus chères sœurs sous le prisme de la mondialisation, serait trop déterministe. S’il existe un phénomène d’emprunt, je l’observe plus à l’échelle locale que globale. Autrement dit, je constate que l’effet d’imitation s’exerce sur et entre les filles d’un même milieu, tout ce qui proviendrait du dehors de ce cercle restreint étant négligeable.

Croire que les filles seraient soumises à une implacable logique de « copiage » équivaudrait, à mon avis, à leur dépouiller de toute capacité d’invention et, partant, d’originalité. Il serait plus pertinent de leur rendre toute leur rationalité. C’est-à-dire ici, se dire que leur habillement est dicté par un mobile tout réfléchi consistant en une offre sur le marché de la séduction.

D’ailleurs – et c’est le cas de le dire !-, sur ce dernier, l’impression est que nous assistons à l’arrivée de quelques opportunistes voilées. Mais de cela, nous reparlerons dans un autre article inchAllah.

Bref, ce phénomène bien notable chez les filles est dicté par une logique de concurrence, sinon de confluence de cibles. Chacune voulant paraître, plus qu’être, la plus belle, la plus attirante. Cette course effrénée vers le charme parfait se poursuit jusque sur facebook où sont parfois affichée « sur le mur » les images de les plus choquantes de filles. N’est-ce pas que c’est cette logique d’ « émulation » qui en crée des plus impudentes parmi les filles ?

 


Bachar el Assad ou le veto du « chacun son protecteur »

La création de ce qui ne sera hélas presque qu’une vulgaire machine de conspirateurs – qu’on appelle pudiquement l’ONU-, a été dictée par un mobile de paix et de justice. Après 67 ans de sa création, l’impression est que cette vieille horloge aux aiguilles crépitantes de vétusté, ne sert qu’a entretenir l’injustice, mieux, à la légitimer par ce réflexe pervers appelé « le droit de veto ».

L’organisation des Nations Unies, devait, comme son nom y invite, être une confluence sincère et sans arrières pensées égoïstes, de toutes les volontés en vue d’harmoniser notre monde, de le réhumaniser pour nous (du Sud) le rendre respirable. On pensait, en effet, à la possibilité de mutualiser les forces des Etats, mais le constat est tout autre : c’est n’est que la photocopie conforme de rapports entre les plus forts et les plus faibles. J’ai aussitôt titré sur cette injustice « juridiquement » silencieuse dès le début de l’année 2012, y assénant ma conviction que le monde ne saurait se transmuer en un espace vivable que par la seule volonté des hommes. J’avais argumenté en disant que Dieu ne descendrait pas de son trône en vue de le faire pour nous.

C’est en partant de ce diagnostic pour le moins euphémique, qu’il faut comprendre le sort tristement infligé à nos frères syriens. Comment en fait, accepter que deux puissances (en clair, 2 pays sur plus de 193) décident en faveur – pour aller vite -, de la lente mise à mort d’un peuple entier qui ne demande qu’à être respecté par un des leurs, obsédé, jusqu’au délire, par la soif de puissance ? Comment le cœur des Présidents chinois et russe s’est-il permis de plaire à un homme, juste un vulgaire petit bout d’homme, quand des millions d’autres trouvent injustement la mort à tour de rôle ?

J’ai longtemps médité la perversité de ce parti pris de s’incliner du côté de sanguinaires, de vauriens, d’hommes dont l’histoire devait se débarrasser de toute urgence. Faut-il rappeler à ces conspirateurs, co-responsables russe et chinois des tueries répétitives de Syriens, que « faire l’éloge d’une mauvaise action, c’est la prendre à son compte ». Ils ne se sont pas arrêtés à en faire l’éloge, ils l’encouragent et l’encadrent.

Au demeurant, convenons que ce qu’il faut condamner et bannir de toute urgence déborde le cas du double veto sino-russe. C’est le droit de veto qu’il faut supprimer, si ce n’est l’ONU, elle – même.

Si, aujourd’hui, la Russie et la Chine ont la Bachard Al Assad, hier seulement – et toujours -, les USA ont leur Israël parmi mille autres exemples.

Notre mémoire est encore fraîche de la très discutable – pour ne pas très controversée-, opération « Provide Comfort » en 1991 montée pour débarrasser les Kurdes de Saddam Hussein. Autant de contradictions, de partis pris notables aussi dans des théâtres comme la Yougoslavie, la Somalie, le Kosovo pour nous amener enfin à repenser l’ONU.

 

 


Chronique : Kane ou le dernier jour d’un combattant

Par Seydina Ousmane GUEYE

Décidément, Baydallaye Kane se sera battu jusqu’au bout. Et même en passant le témoin à son successeur, je ne suis pas sûr qu’il soit prêt à passer l’ « arme ». La combativité de ce natif de Matam lui a, pendant six années consécutives, forgé une détestable réputation. Lui-même s’en offusque en privé et n’a point été gêné de s’en ouvrir à nous. Mais peut être que la conviction idéologique de cet ancien étudiant de gauche, et son goût quasi immodéré de la ténacité, sont passés par là très chers lecteurs.

J’ai titré, plus d’une fois, sur celui qui se dit aujourd’hui encore mal compris des étudiants. J’ai dit ce que je pensais de son obsession, voire de ses positions tranchées. On eût dit que l’ancien directeur des Lettres et Sciences Humaines croyait risquer la compromission quand on l’invitait au compromis. C’était une erreur.

Certaines gens m’ont reproché d’avoir un parti pris dans la crise créée par les Masters Pro. Au contraire, la seule partie à laquelle je suis convaincu d’avoir pris part est celle de la vérité. J’ai signé des chroniques peu amènes, jugées volontiers amères et situé ma position à chaque fois que de besoin. Je n’ai jamais été pour l’un ou l’autre des protagonistes. En atteste surtout cette petite confidence. Tandis que Fall, ancien Président de séance de la Coordination des Etudiants regrettait mon parti pris pour le Pr. Baydallaye Kane, ce dernier était convaincu que je travaillais à le nuire !

Ma conviction est que nul n’est assez béni pour s’entendre chanter des louanges. C’est cette même conviction qui m’avait amené à signer les « Oscars du plagiat », « Jusqu’où ira le Professeur Baydallaye Kane », « Il faut relâcher les otages ! », « Qui pour sauver l’année ? »…

L’Université est le lieu par excellence des débats contradictoires et du commerce des idées. Il faut qu’il en reste ainsi. C’est tout à l’honneur de l’esprit critique.

Bon vent à Baydallaye Kane et bienvenue à son successeur !

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Que faut- il penser du grand « oral » d’Ibrahima FALL ?

C’est vrai que l’exercice tenait de la haute voltige, mais manifestement, la plaidoirie d’Ibrahima FALL a bien porté. En tous les cas, pour moi, le Pr. a convaincu en ayant montré qu’il peut être à la hauteur. Les attentes des Sénégalais sont nombreuses et l’échéance électorale du 26 Février ne le rappelle que trop. Juger de la pertinence de ses promesses est une chose, l’attendre sur le terrain de la concrétisation en est une autre. Et pour moi, c’est tout l’enjeu, quoique sa prestation d’hier jeudi soit est à saluer.

Ibrahima Fall devait bien se trouver de toute façon en terrain connu. J’ajouterais qu’hier à l’Amphithéâtre Madické DIOP, le Pr. semblait visiblement à l’aise : en plus de répondre aux questions, il s’est même permis d’en poser, quand ce n’est pas d’injecter quelque once d’ironie. C’est comme celle que voici : j’espère que je n’ai pas dépassé trente secondes ! L’assistance qui n’avait pas le droit de manifester sa joie, n’a pu s’empêcher de rire. Peut-être que ce n’est pas antinomique.

Toutefois, je serais très surpris qu’Ibrahima FALL se gênât. Il est d’abord et avant tout un universitaire habitué aux « brimades » de toutes sortes, au stress de la préparation des examens, à l’expectative que génère la soutenance d’un mémoire ou d’une thèse. Donc la gestion du moral serait une très mauvaise aune pour mesurer sa pertinence politique.

Reste qu’il faudrait, malgré sa prétendue réussite hier, l’attendre dans les urnes. C’est aux populations sénégalaises de le porter au pouvoir, c’est à elles seules de saisir la pertinence politique de son projet de société. Le Pr. sait très bien être original. Dans son programme, figure en très bonne place, la restauration des valeurs qu’il nomme par vergogne, pudeur…

Encore, faudrait-il que ce point manifestement séduisant, voire alléchant, captivât et charmât nos jeunes. Car je ne suis pas sûr que ça puisse intéresser ces derniers qui sont les plus nombreux de notre population. Je sais que ce que je dis là ne pèsera pas peut être lourd et n’est pas réductible à tout le reste du programme. Mais la part d’impondérable de la politique gît là aussi.

Nous savons qu’il est un acquis de l’expérience que les populations choisissent aussi leur candidat en partant de l’action par laquelle ce dernier a cherché à améliorer leur vécu. Sur ce point-là, beaucoup l’ont rappelé : le Pr. était visiblement absent tout au long de ces dernières années de l’alternance. En tous cas, je ne l’ai pas entendu sur les enjeux majeurs qui ont marqué la présidence d’Abdoulaye WADE. Il s’est défendu un jour, si ne je ne me trompe au « Grand Jury » sur RFM, en disant que, travaillant dans une institution internationale, il était astreint à la réserve. Et c’est sur ce point que je ne suis pas d’accord avec le Pr. Souleymane Bachir DIAGNE en dépit de tout le respect doublé de l’admiration que j’ai pour lui. Ce dernier dit presque la même chose lors de son passage à « En Sol Majeur » sur RFI. Il a répondu « malicieusement » sur une question se rapportant à la pratique démocratique sénégalaise parce qu’il est un membre d’une cellule à la Maison Blanche observant les élections au Sénégal. C’est ce genre d’esquive qui m’exaspère. Comment se taire sur une situation préoccupante (si ça l’était) de mon pays parce que simplement je suis tenu à une réserve ? C’est inadmissible à mon sens et c’est une preuve de mépris à l’égard de son pays. Si j’étais en leur place, j’aurais simplement démissionné car rien ne vaut le destin d’un pays que j’adore et qui m’a vu naitre.

L’horizon électoral de Février est plus que passionnant ; j’attendrais de voir le sort que les électeurs sénégalais réservent aux intellectuels ont Ibrahima FALL est le plus visible et les chanteurs dont Youssou NDOUR.


Le Gandiol dans la couverture médiatique : où s’arrête l’info et où commence la pub ?

La couverture des convulsions et soubresauts de l’actualité gandiolaise amène vraiment à s’interroger. Depuis bien des années en effet, cette couverture se fait monnayant de gros et valeureux billets de franc CFA et je ne sais en vertu de quoi.

Pour que les villageois passent à la télévision, c’est toujours- à ce que je sache- des sommes d’argent qu’il faut donc débourser. Et du coup, je me sens pris pour un idiot : depuis quand l’actualité s’achète t-elle ? Depuis quand les critères de l’information (pertinence du sujet, intérêt, notoriété etc.) ne sont-ils plus opératoires pour désigner une information ?

De là, s’ébauche un virage « épistémologique » pernicieux amenant in fine à confondre information et publicité. Si toute manifestation publique est couverte du fait simplement qu’elle peut rapporter au journaliste, alors cela devient problématique ! S’en suit la légitimité pour les manifestants d’exiger alors du reporter de passer à l’écran.

Logiquement, l’on sert une publicité par cela même que cette prétendue information n’a pas été passée au peigne fin du filtre que nous connaissons avec les critères reconnus de ce qu’est une information.

Il y a une année, un reporter nous a demandé je ne sais plus combien pour couvrir une journée d’études à Mboumbaye Gandiol. Il s’y refusera catégoriquement arguant du fait qu’il n’a pas été satisfait au sujet du « prix de son déplacement ». Je trouve scandaleux une telle exigence, qui, à force de répétition, tend vers son institutionnalisation.

Même si elle existait en tant que règle, cela serait injuste. Les médias doivent sans condition aucune payer les frais, tous les frères rentrant dans le cadre des couvertures informationnelles. Je ne dis pas que cela n’existe pas !  Autrement, la vassalité du journaliste à ses sources peut en retour influer sur le caractère et critère de l’information.

Travaillons à ce qu’il en soit ainsi. C’est pour le meilleur de notre presse.

 

 

 


Le Gandiol sur un air de modernisation

Huit mois après la publication de cet article sur mon blog, le changement pressenti n’a pas encore pointé à l’horizon. Je republie l’article pour qu’on en juge.

Ce n’est pas de l’ironie, c’est de la réalité constatable dont je vous entretiens. Le Gandiol est depuis peu traversé par un timide vent de modernisation qui souffle sur la communauté rurale. Des poteaux électriques aux engins qui vrombissent pour rétablir la route déjà trop malmenée par les grosses voitures, tout sent le moderne…

Cette communauté d’agriculteurs, de pêcheurs et d’éleveurs entre autres activités quotidiennes est victime d’un oubli millénaire dont les principaux responsables tentent de se corriger. C’est pourquoi, d’importants chantiers sont ouverts comme nous l’avons déjà dit.

Mais voilà que ce vent de modernisation ne souffle que sur une partie de la contrée. A part les villages de Ndiébène Gandiol, Tassinère, Pilote, Mouit qui ont pas mal d’infrastructures, tous les autres- ou presque-sommeillent encore dans une arriération innommable.

En attestent un manque d’eau chronique et déplorable, une raréfaction de voitures à certaines heures de la nuit (au cas où des évacuations d’urgence se présentent), un éclairage électrique inexistant. Demandez à ces personnes la couleur de la facture de la SENELEC, ils ne sauraient vous répondre.

Les voitures à Gandiol, reparlons en…

Le parc automobile du Gandiol est très vieux, voire très archaïque. De vieilles voitures desservent tous les  jours les villages de Dégou-Niayes, Mboumbaye, Darou Salam et autres. Des véhicules, dont la plupart ont franchi leur limite d’âge depuis maintenant des décennies.

 

De très bruyantes carcasses se déplacent difficilement sur la route déjà cahoteuse. On constate très nettement la rouille du fer déjà en état d’avancement très usé. Les chauffeurs la conduisent avec beaucoup de finesse car c’est la qualité requise pour la déplacer.

Dieu sait que j’ai emprunté une sorte de taxi. Ce jour-là, le conducteur de la carcasse fut obligé d’attacher à l’une des portières une solide corde pour la maintenir, avant qu’elle ne tombe. Et au cas échéant, dites bien qu’adviendra au client qui s’est assis juste à coté ou bien qui repose tout son corps sur cette porte ?

A un certain moment du parcours entre la ville de Saint-Louis du Sénégal et Dégou-Niayes, le chauffeur immobilisa son cadavre de voiture au bord de la route. Il s’assura que la portière était bien attachée, donna quelques grosses goutes d’eau dans la machine, puis repartit aussitôt.

 

Après avoir quitté carrément la ville de Saint-Louis, il se permit de s’arrêter, même si le nombre de places était déjà à sa limite. Il logea deux autres personnes dedans, bousculant toutes les autres et sans même leur avis.

Je n’ai constaté aucun gendarme le héler ou l’interpeller comme si eux aussi n’en avaient pas à cirer de cette voiture dont personne ne voulait ce mercredi là.

Comme ce chauffeur, ils sont nombreux ceux là qui conduisent ces genres de voitures. Ils ne manquent pas d’arguments de survie quand vous leur dites de garer toutes ces « carcasses ». Ils se donneront surement la promptitude de vous rétorquer que c’est d’elles qu’ils tirent leur subsistance.

Mais je veux bien savoir si c’est bien du risque qu’on fait courir à ses semblables tous les jours qu’on prélève sa nourriture ?

 

Le mauvais état de ces genres de voitures vient toujours s’ajouter à celui de la route offrant au client une horrible scène de désastre. Comme vous pouvez le constater sur ces images, se dégage fréquemment une poussière difficile à respirer.

 

 


Gandiol:La construction de l’axe Tassinère- Thignore aura-t-elle lieu ?

Annoncée depuis quelques semaines au Gandiol, la construction de l’axe Tassinère -Thignore (parait-il que c’est sur cette distance que s’étendra la route goudronnée à venir) aiguise bien les appétits. Et cela, d’autant que depuis que le Gandiol existe, il n’y a eu aucune route sérieuse, entendez digne de ce nom pour rallier le reste du terroir à Ndiébène.

La présente route –c’est-à-dire celle qu’empruntent ces gros camions participant ainsi à la détruire- a montré ces limites depuis bien longtemps. Les grandes vacances

avec leur lot de désolation ne sont pas sans rappeler les terribles désagréments qui s’en suivent : dégradation du chemin.

Les conducteurs de taxi s’en mordent bien les phalanges : ils ne cessent de rouspéter contre le piteux état de cette route qui ne fait qu’accélérer l’ « obsolescence » de la seule chose qui leur sert de viatique dans une conjoncture économique difficile.

Quelques  habitants de Thignore que nous avons rencontrés nourrissent tout de même l’espoir qu’enfin cette route goudronnée annoncée va les sortir de leur torpeur d’enclavés : ils vivent au beau milieu des arbres, à côté de Ndaye.

Nous y reviendrons inchallah de façon plus détaillée et rappelons que nous suivons l’évolution des choses. Nous irons à la quête de l’avis des autorités de la communauté rurale de Ndiébène Gandiol sur ce projet.

 


Gandiol ou l’insolent contraste

Que de plaisir et de déplaisir mêlés en vous retrouvant ce jeudi sur ce petit coin de la Toile ! C’est vrai que dans mon for intérieur, je me sens franchement détestable. Un profond regret me consume d’être resté maintes semaines durant sans avoir publié le moindre poste. Un calendrier sociologique chargé, une intrusion dans les rangs de la Science politique – que j’ai longtemps adorée – ont eu raison de mes activités « internautiques ».

Mieux, il y avait deux Ousmane en moi : un qui traînait nonchalamment sa masse corporelle dans les rues et couloirs de l’Université de Saint-Louis et un autre qui était accroché par quelque nostalgie du monde. Nostalgie surtout, très chers lecteurs, de vos pertinents commentaires, de vos judicieuses remarques, mais aussi de votre compagnie ô combien bienvenue. Pendant tous le temps où je resté sans vous, je suis resté fou.

Bien de convulsions sont venus amuser la relative quiétude de notre planète et auxquelles je devais, naturellement, vous le savez dire un mot. J’y reviendrai incha Allah.

Me vient surtout à l’esprit le bel article de notre collègue mondoblogueur Alimou SOW sur les coulisses de Radio France Internationale.

L’actualité sénégalaise, quant à elle, comme à chaque minute quasiment sur le chemin nous menant à la très attendue présidentielle, n’a pas manqué de m’interpeller. C’est immanquablement l’invitation de ces juristes venus d’ailleurs pour parler du destin d’autrui. Je trouve ridiculement honteux que des Occidentaux viennent chez nous pour se faire des exégètes de notre propre Constitution. Cela serait-il la preuve que nous ne saurions pas tracer le sillon de notre destin, mais qu’il faudrait confier cette tâche à des hommes d’ailleurs ?

Mais je veux surtout reparler du Gandiol, notre chère communauté rurale qui nous a vu grandir il y a bien des années. Je vous parlais tantôt de plaisir ; c’est celui bien sûr de vous avoir retrouvé grâce à DIEU. Le déplaisir, l’autre extrémité, c’est surtout, après plusieurs mois, de devoir constater que la situation économique de la contrée s’empire.

Et hélas, la désolation touche surtout ces populations dépourvues de l’accès à l’eau potable. Le contraste que j’évoquais consiste dans ceci : comment comprendre, voire accepter, à l’heure de la profusion d’images, de son, à l’heure de la communication de masse encadrée, sinon charrié par Internet, que le Gandiol en reste toujours au Moyen Age ?

Contactées sur les raisons de cette arriération alimentaire, certaines personnes nous font savoir que le débit n’est pas remontable.

J’y reviendrai incha Allah de manière plus documentée.