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Le Gandiol en un CliC
11. déc.
2012
Exercices d'analyse
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La fin des maîtres

Dans une chronique intitulée, il y a quelques mois,  « Les oscars du plagiat », je pointais déjà la terrible déchéance des  maitres. Ceux-là qui se vautrent de plus en plus dans la facilité et sa culture, commencent malheureusement à faire légion. Si ailleurs, ils sont combattus et punis en vertu de la loi, chez nous, hélas, le masla dans sa version pervertie, constitue le dernier rempart contre la sévère correction qu’on doit apporter à leurs contraventions.

Je serais tenté de dire qu’il faut que le regard réprobateur change de camp : si d’ordinaire, il y a un conseil, un comité, que sais-je… pour contrôler le travail des étudiants, il faut que ce même souci de transparence préside à la volonté d’évaluer et de surveiller nos chercheurs.

C’est aussi une exigence que nous devons instaurer au sein de nos Universités à l’heure où le chantier de l’audit des fonctionnaires est ouvert. Comment peut-on accepter qu’un « professeur » payé pour dispenser des cours et faire de la recherche, puisse se permettre de copier-coller les leçons de ses collègues en raison de la facilité qu’offre Internet ?

Comment peut on comprendre que ces mêmes enseignants puissent se permettre de dire –la chanson est connue – « rendez-moi mes mots » lors des évaluations ? S’avisent-ils un instant, seulement un instant, qu’ils sont en présence d’apprenants probablement plus instruits et plus informés qu’eux ?

Ne se rendent-ils pas compte que nous ne sommes plus à l’âge d’or de la presse écrite où les journaux n’étaient lus que par quelques privilégiés qu’on appelait avec- une certaine once de condescendance-, l’« élite » ?

A l’heure où vous lisez cette réflexion, à l’heure de la société du savoir, le cours de l’histoire s’est, comme qui dirait, inversé : la connaissance n’est plus otage d’un cercle restreint d’illuminés, voire de prophètes qui prédisent notre avenir ou sondent les mystères du ciel.

Nul ne peut s’enorgueillir de la détenir au détriment de ses semblables. Les livres fourmillent dans les bibliothèques aussi bien traditionnelles que numériques. L’imagination humaine devenant de plus en plus fertile quand elle n’est pas vive, le savoir non mis à jour devient rapidement caduc en raison de l’information qui circule très vite.

Toutes choses délégitimant nos grands maîtres qui, à force de nier le réel, se ridiculisent de jour en jour. J’en ai vu un de très présomptueux et de très condescendant qui n’a comme artifice que de sophistiquer des évidences, entendez complexifier le simple.  Je suis toujours meurtri quand j’entends certains étudiants, quelque peu ingénus, dire « comme l’a dit Monsieur… « La citoyenneté active »… Au train où vont les choses, la citoyenneté est nécessairement active, j’allais dire par définition. Nous sommes loin du temps où on se la disputait juridiquement. La mode intellectuelle la pense désormais en la connectant aux luttes pour le mieux-être, l’intégration des minorités, les égards pour la nature, l’exigence de s’expliquer et de rendre des comptes de plus en plus prononcée des populations à l’endroit des régimes en place… Déjà aux environs du Vème siècle, était considéré comme citoyen chez les Grecs, celui qui participait aux affaires de la cité, entendez qui exerçait des actions allant dans le sens de peser sur le cours des choses. Tout le contraire de ceux dits « esclaves » qui n’avaient pas accès à l’Agora, l’espace public. Même cas avec ce que furent les quatre communes au Sénégal où existait une dichotomie entre sujets et citoyens.

Donc entendons-nous bien : l’adjectif « active » postposé à « citoyenneté » n’ajoute aucune information supplémentaire. La notion d’activité (au sens de « actif ») est déjà contenue dans le mot « citoyenneté ».

C’est à peu près la même observation que je fais d’une autre appellation hélas devenue très courante et entretenue par certains maitres : « honnêteté intellectuelle ». Mais diable, comment peut-on être intellectuellement honnête pendant que, dans d’autres sphères d’activités, on est hypocrite ou traitre ?

Quand ce n’est pas la sophistication de ces évidences, les maitres butent très souvent sur des évidences mêmes allant jusqu’à travestir la pensée d’honnêtes auteurs. J’ai suivi le cours de l’un d’eux. Il était question de distinguer « sociologie critique » et « sociologie de la critique » chez Luc Boltanski. Je vous donne ici le lien de l’émission où cet auteur faisait la distinction.

A ma grande surprise, l’enseignant en question n’avait rien compris de ces deux expressions puisqu’il disait en substance que « sociologie critique », c’est quand le chercheur se met dans une attitude d’objectivation (comprenez quand il s’autocritique, quand il adopte une position réflexive au sens de Bourdieu) et « sociologie critique », …allez savoir… Et le comble du ridicule, c’est qu’il en parlait avec une assurance déconcertante.

Au terme de cette réflexion (que je poursuivrai en d’autres circonstances), je suis navré d’autant que je me sens impuissant devant l’ampleur d’une telle culture de la facilité et du laisser-aller. Mon seul réconfort, c’est que tous les enseignants ne sont pas comme ça. Mais, c’est terriblement dommage que cet infime espoir ne peut compenser mon impuissance à freiner la vague.

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Article : L’impossible rencontre
Exercices d'analyse
1
11 décembre 2012

L’impossible rencontre

En plus de m’avoir douloureusement frappé –ce que je partage avec tout le monde-, la disparition de Serigne Mansour Sy m’a vivement surpris. Surpris car je ne l’avais plus revu (à l’écran) depuis plusieurs mois. Je n’étais pas non plus au courant de son hospitalisation. Peut-être que c’était recherché et voulu par les autorités religieuses de Tivaoune ; les informations de ce genre étant en général trop prisées par des médias en mal de nouvelles.  

Aussi, dois-je ajouter que je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer, encore moins de l’apercevoir en dépit de mes voyages récurrents dans la vie sainte. J’ai aimé la voie tidjane tout jeune dans les rues de Dégou-Niayes. Je revois encore ma mère assise sur la véranda de notre maison, après ses retours du Gamou tandis que j’accourais vers elle. Notre quartier et même les autres quartiers voisins sont de fidèles Tidjanes. Je les imagine eux aussi vacillant sous le choc. Perdre Serigne Mansour est une chose, mais devoir faire sans lui pour le reste de nos jours est nécessairement une autre.

Sans inscrire mon propos dans le chapitre des témoignages, -ce qui risquerait d’être tout simplement convenu car je l’apercevais de loin-, j’aimerais marteler qu’un fait m’a beaucoup impressionné chez lui. C’était lors de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle au Sénégal. Le candidat Macky Sall avait fini de prononcer son discours, celui-là même que des malhonnêtes ont voulu rendre fameux pour « attaque aux marabouts ».

Quelques jours plus tard, Serigne Mansour Sy a bien précisé que le discours du candidat de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) était juste et que donc les « marabouts sont des citoyens comme les autres ».

Seigneur, Toi qui est le Créateur de l’Univers, Le Clément, Le Miséricordieux, L’Omniscient, L’Omnipotent, L’Omniprésent, Toi qui entend ce qui se dit au fond des cœurs et ce qui se chuchote dans le silence de la nuit, je Te prie, m’agenouillant devant Toi, de recevoir Serigne Mansour dans ton Paradis. Seigneur, permets lui de rencontrer le Prophète Mohamed, de lui serrer la main et de regretter avoir tardivement quitté ce bas-monde.

Seigneur, protège-nous ; guide nos pas et accorde le paradis à nos morts !

 

 

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Article : Ce que j’attends du nouveau ministre de l’intérieur
Exercices d'analyse
0
2 novembre 2012

Ce que j’attends du nouveau ministre de l’intérieur

Des journalistes se plaisent à répéter, comme par devoir de vérié, tout le bien qu’ils pensent du nouveau ministre de l’intérieur. Je trouve que ce n’est pas mal. Mais il aurait été génial de de ne pas occulter le désordre qui a défrayé la chronique ces derniers jours dans notre pays. Et cela, en vue de mieux marquer l’urgence et la pertinence de la domestication des forces du chaos, véritables négatrices de la société démocratique. 

Ce que je désigne sous cette appellation, c’est la barbarie qu’incarnent ceux-là qui ont la promptitude doublée de la propension à recourir à leur propre justice en sapant la Justice. Il n’est que de réinvoquer le saccage des locaux de Walfadjiri, de Las ou encore de 24h Chrono pour exiger qu’on en revienne à une société civilisée.

Jamais dans notre mémoire collective, un culte de la violence n’a été aussi entretenu, voire impuni avec autant de laxisme. L’Etat a visiblement laissé faire, quelles que puissent être par ailleurs les objections qu’on peut opposer à ce propos. S’en suivirent des règlements à l’amiable au détriment d’un jugement durable.

Quelques foyers « maraboutiques » devenus inattaquables ( !) en vertu de leur caractère « dogmatique », se sont transformés, de fait, en sanctuaire. Ils entendent, de ce point de vue, vivre en marge de l’Etat quand ce n’est en Etat dans l’Etat. C’est cette perversion des ennemis de la liberté d’opinion qu’il faut anéantir de toute urgence au risque d’instaurer dans notre pays une justice des barbares. Cela constitue à mon sens le chantier le plus prioritaire dans le nouvel ordre de priorités parce qu’il est à la base de notre pacte social. Et sur ce point, je ne saurais pardonner le moindre manquement de notre Justice.

La légitimité du nouveau régime incarné par le Président Macky Sall se joue à ce niveau. Car si les Sénégalais ont chassé l’ancien opposant au pouvoir Abdoulaye Wade, c’est surtout à cause du fait que l’inégalité juridique de facto des citoyens était devenue trop criante pour être tenable. Quelques colonnes de fumée à l’immeuble Tamarro avaient suffi en effet à ameuter tout le gouvernement. Tandis que des Sénégalais sans défense tombaient sauvagement sous les balles d’hommes de tenue, le Président Wade regardait faire. Et les exemples font légion au point de ne pas nécessiter qu’on s’y attarde. A la suite des manifestations induites par la validation de sa candidature par le Conseil Constitutionnel, (faut-il le rappeler), l’ancien locataire du palais de la République fit une sortie inattendue pour dire qu’il considérait ces agitations comme une brise.

Il faut que tout cela s’estompe et que de nouvelles lumières soient jetées sur le traitement des citoyens. Cela passe nécessairement par la cessation de l’impunité et la fin des « sanctuaires » car on ne saurait admettre, non le fait, mais l’idée-même d’une République des privilèges. Aussi, l’urgence de l’interdiction des « milices maraboutiques » doit être remise au gout du jour.

Que les fauteurs de troubles n’aient point la liberté d’obtempérer impuniment à leurs instincts dévastateurs. Si la civilisation ne peut point les y contraindre, la cravache doit être en mesure de le faire. Car enfin ce pays n’appartient à personne !


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Article : L’Afrique n’a de leçons à recevoir de personne !
Exercices d'analyse
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12 octobre 2012

L’Afrique n’a de leçons à recevoir de personne !

Il est déjà assez formidable que l’Afrique ait entretenu de si mémorables liens avec la France. Il n’est qu’à fouiller dans le passé des deux nommées pour s’en convaincre. Mais la façon dont on analyse les rapports entre la France et l’Afrique est loin de m’agréer en vérité.

 Pourquoi en effet chaque fois qu’un dirigeant français est élu à l’Elysée, les Africains  se posent rituellement la question de savoir ce qu’il fera pour l’Afrique ? Pourquoi voulons-nous restés éternellement inféodés à cette problématique de la dépendance économique, politique, militaire et j’en passe ?

J’ai écouté avec la plus grande attention l’interview que François Hollande a accordée à TV5, France 24 et RFI. J’ai beaucoup aimé sa franchise, voire son discours cru et cuit à l’égard des dirigeants de la RDC, de son opposition ainsi que d’autres hommes politiques africains.

Il est tout à fait normal que la France veuille fourrer son nez dans nos affaires parce que nos Chefs d’Etat ont toujours ou presque la main tendue vers l’Occident. Il est vrai que dans un monde de plus en plus interconnecté, de plus en plus interdépendant, certains pays soient redevables à d’autres.

Mais la manière dont l’Afrique l’est à l’endroit du reste est tout simplement ridicule. Plus qu’un acté, notre continent n’est, comme dirait l’autre, rien moins qu’un enjeu. François Hollande a vanté notre place de plus en plus croissante sur le marché international. C’est à nous d’en être conscients et d’œuvrer pour que cet avantage reste le nôtre. Certes, -mais cela est loin de suffire, sinon, ça ne veut rien dire-, il a, sans le dire, mis de côté la France-Afrique pour affirmer des relations fondées sur la transparence et la bonne gouvernance. Si nous devons être transparents, justes, soyons le pour nos populations, pour nous-mêmes et non parce que nous voulons plaire à des Occidentaux ! Il est temps que nous sachions que nous ne devons avoir des leçons à recevoir de personne. Je remâche toujours avec remords la petite phrase de Nicolas Sarkozy lorsque ce dernier avait laissé entendre qu’il irait prendre les détenus de L’arche de Zoé, quoi qu’ils aient fait ! Ce sont à cette condescendance et cette arrogance que nous devons sonner le glas, au risque de vivre sans dignité !

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Article : Vers le retour à l' »état de nature » ?
Exercices d'analyse
0
12 octobre 2012

Vers le retour à l' »état de nature » ?

Le 23 Février dernier, j’avais écrit vers le retour à l' »état de nature » ? Quelques semaines plus tard, j’ai envie de publier à nouveau cet article pour mieux apprécier la situation du pays.

Les coupables de cette mise en sang de notre cher pays ont-ils répondu de leurs actes ? Les pauvres patriotes qui étaient massacrés dans la rue l’ont-ils été pour rien ? Qu’en est-il de l’arrivée de l’ancien candidat Macky au Palais de la République ? Car, sauf à m’accuser de précipitation, le nouveau locataire du Palais ne rassure pas: recyclage et wadisation du pouvoir pour le moment…

Bref, nos morts sont-ils morts pour rien ? Notre argent s’est-il volatilisé impunément ? Retour…

Chère  amie,

Je suis très enthousiasmé d’avoir pu te lire, j’ai envie de dire en un tournemain. Je suis aussi ravi d’être encore en vie ( !) parce que la mort est partout par ces temps qui courent au Sénégal. Nous avons un Président de la République qui avait argumenté qu’il ne peut plus se présenter pour un troisième mandat (voir ce lien). Et voilà qu’il se dédit si tenacement en martelant que jamais il ne s’était exprimé sur une chose pareille. C’est la preuve, soit qu’il n’est plus conscient de ce qu’il dit, soit qu’il ne tient pas ses paroles. Et quoiqu’il puisse redire, il s’est déjà dédit en banalisant la parole jadis sacrée, sinon respectée d’un Président de la République.

Quelques gens ridicules ont longtemps – peut être qu’ils déchanteront maintenant- soutenu que ce vieil opposant est un des plus illustres esprits éclairés au monde. A quoi ils ajoutaient presque avec la même passion zélée que le Sénégal a enfin un économiste brillant au volant.

Eh bien, laisse moi les prendre au mot. Ce même « juriste chevronné » qu’il « messianise » a dit devant une caméra qu’il a verrouillé la Constitution. Objecteront-ils que c’est l’avis frivole d’un non spécialiste ? Je dois les plaindre et je m’imagine mal comment ils ont pu dire pareilles sottises aux limites de l’hérésie. Dans un pays « normal », la vindicte publique les aurait peut être contraints à l’exil ou au silence perpétuel. Néanmoins, ils doivent leur salut aux mauvais temps qui font que la parole perd de plus en plus de sa valeur. Et pour ma part,  cela tient évidemment à une crise de plus en plus douloureuse de la pudeur dans mon chers pays.

Aujourd’hui qu’il s’est illustré si pitoyablement, voire si déloyalement, Abdoulaye Wade  n’a qu’à tirer sa révérence.

Dans ton courriel, je m’attendais que tu t’exprimes sur le cas Marine Le Pen, j’allais dire le phénomène Marine Le Pen. Comme son vieux de père, elle ressasse les mêmes arguments « anti émigration » et à mon avis rétrogrades. Je sais qu’elle n’est pas très aimée des Français, mais pas très détestée non plus. Je ne quitte pas les sondages une seule seconde : je suis comme si c’était chez moi. Parce que ce qu’il faut dire très brièvement, c’est ce que le monde devenu un gros village (mais pas dans l’acception de Marshall Mccluhuan)  est interconnecté à ce point que ce quand la France s’enrhume, tous les autres pays du monde sont amenés à éternuer.

C’est une donne pas très nouvelle qu’il faut prendre en compte. Je ne te fais pas une leçon en relations internationales, mais tu dois savoir que désormais rien n’est anodin, rien n’est insignifiant ; tout semble procéder d’un calcul.

Revenant au phénomène Marine Le Pen, je trouve, pour le dire un peu à la manière d’Emmanuel Todd (démographique et sociologue) qu’elle a le mérite de nous révéler cet autre visage  – parmi mille- de nombre de gens aux idées extravagantes.

Serais-je coupable d’ingérence ?

Je m’arrête là en attendant de te relire très vite !

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13. août
2012
Exercices d'analyse
5

L’étonnant Benoit Ruelle

Bien des années après son départ de Radio France Internationale (RFI), Benoit Ruelle résonne encore à mes oreilles. Des résonances aussi étonnantes que profondes, savantes aussi. Mon écoute est endeuillée, mes dimanches déserts et sa voix qui s’est tue, s’élève comme jamais et rien ne peut plus être comme avant. Je republie ce texte que j’avais rédigé à son propos le 28 Octobre 2010.

Je ne l’oublierai jamais, ce rude après midi du dimanche 28 Mars 2010.

Ce jour là, je l’avais manqué ainsi qu’il en est d’habitude puisque trop pris entre les tables bancs. J’étais alors en seconde année de sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Un ami, après quelques échanges coutumiers de nouvelles, m’instruisit du prochain départ de celui qui fut l’apôtre des « Idées » sur RFI pendant plusieurs années.
Benoit Ruelle, c’est bien son nom, me laisse orphelin, plongé que je suis dans une éternelle solitude. Je ne suis plus servi des étonnants « bonjour et bonsoirs » tous les dimanches dès 16h10 temps universel. Nous étions nombreux, étudiants, professeurs à lui tendre l’oreille. Même si nous le manquions, nous nous précipitions sur la Toile pour télécharger les dernières éditions. Benoit Ruelle vivait profondément en nous et continue encore de nous inspirer, bien des semaines après son départ de RFI.
Ce qui me subjuguait surtout en ce génie, c’est son extraordinaire capacité à problématiser, à synthétiser aussi. Chose dont je reste encore bien nostalgique. Quand il introduisait son émission, on eût dit qu’il rédigeait une thèse tant il donnait de l’importance à ce qu’il faisait. Un ami journaliste trouvait même sa bibliographie dans les émissions de Benoit Ruelle en achetant les livres qu’il recommandait.
Tes propos de ce jour du 28 Mars 2010 résonnent encore à mes oreilles : « Bonjour ou bonsoir, vous le savez c’est la dernière fois que je me trouve derrière ce micro pour vous présenter Idées. Rendez vous hebdomadaire, après Panorama International et Résonnances que je vous ai proposé il ya 15 ans. Mon ambition fut simple : défendre avec modestie et détermination la cause des idées et par le fait des essais et des revues culturelles. En effet, j’ai la faiblesse de penser que vivre en humain libre et responsable suppose la maitrise intellectuelle d’un certain nombre d’enjeux qui conditionnent notre vivre-ensemble. Comment beaucoup d’entre vous ont le plus grand mal faute de moyens matériels de toute sorte à accéder à cette maitrise, la mission du journaliste que je suis fut de mettre à votre disposition par l’entremise des ondes ce à quoi vous ne pouvez accéder facilement. J’espère ne pas avoir trop démérité, j’espère que nous pourrons nous retrouver un jour ou l’autre pour d’autres aventures intellectuelles. J’émets enfin le vœu que Radio France Internationale maintienne un niveau d’échanges intellectuel susceptible de rapprocher les femmes et les hommes de bonne volonté ».
Tu nous manques énormément très cher professeur. Reviens vite parmi nous.

 N.B: Vous pouvez le retrouver sur son blog.

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08. août
2012
Exercices d'analyse
3

Chronique : Le dernier mercredi d’un insoumis ?

Il est fort à parier, après tant d’années passées en votre si fidèle compagnie, qu’annoncer brusquement mon départ du Journal Le Campus serait quelque peu discourtois. Voilà qui a fait longuement danser mes doigts avant de me résoudre, malgré moi, à écrire. Écrire, puiser entre mille idées qui me triturent le cerveau, pour vous dire que je – m’en – vais.

J’en suis d’autant plus embarrassé que voilà déjà quatre ans depuis que j’ai pris gout à nos belles habitudes du mercredi. Je n’en avais jamais voulu rater une parce qu’elles étaient toutes passionnantes. Vos critiques, naturellement aussi, très chers lecteurs.

Pendant toutes ces dernières années, j’ai énormément appris grâce à votre attention qui n’a jamais chuté, du reste, au fil des semaines. Aussi, voudrais-je vous dire toute ma gratitude pour cette expérience unique qui a commencé avec la chronique « Imperturbables ambianceurs !». C’est vrai qu’au début, l’idée d’une réflexion hebdomadaire par un  petit rédacteur  ne trouvait point grâce aux yeux de bon nombre de « confrères ». Ma proposition d’animer cette chronique ne plaisait manifestement que peu en effet. M. Ibrahima DEH, autrefois directeur de publication de votre Journal l’avait, quant à lui, bien reçue. La première chronique l’avait manifestement emballé et l’exercice hebdomadaire ne se sera arrêté qu’à ces moments où vous êtes en train de lire ces terribles lignes.

Ce rendez-vous que j’ai tant aimé avec vous très chers lecteurs n’avait qu’une et une seule visée : décrypter l’actualité hebdomadaire à l’UGB. Parce que je suis convaincu que l’Université est le cadre idéal de la réflexion, toute action allant dans ce sens ne peut faire que l’honorer. Nous revendiquant de ce milieu, nous ne saurions donc accepter pour vrai, à la suite de Descartes, que ce que nous aurons fini d’éprouver, d’interroger pour nous en assurer l’évidence. C’est-à-dire nous assurer qu’un malin génie n’est pas en train de tirer les ficelles et nous masquer la vraie nature des choses. Comprendre l’actualité universitaire, se donner les moyens intellectuels de pouvoir en analysant les faits, en saisir les enjeux, tel a été le défi de cette chronique.

A bien des moments, je n’ai pas eu les mots tendres pour certains acteurs de l’actualité sanarienne, je le reconnais. Non pas parce que je leur en voulais personnellement, mais plutôt parce que j’estimais avoir le droit de dire ce que je pensais (pense) d’eux touchant l’Université qui est un espace appartenant à nous tous. A cela, il faut ajouter le fait que la culture du laisser-aller se concrétise de plus en plus à Sanar. J’ai une fois pointé le phénomène du plagiat chez certains enseignants doublé de leur effronterie à fouler au pied les règles les plus élémentaires de la morale. Mais un tel extrémisme n’est pas l’apanage de ces derniers car de plus en plus des particularismes religieux préoccupants toisent mon attention. Signe des temps peut être, le tapage gagne aussi du terrain à Sanar, comme forme perverse de nivellement par le bas. Ce ravalement à ce stade si pitoyable ne m’agrée guère car j’ai toujours voulu croire que l’esprit critique a encore sa place au sein de cette Université, que la primauté – et non la tyrannie- de la raison y est toujours d’actualité…

Loin de ces récriminations, pour en revenir à ce que je disais, je – m’en – vais. Je n’ai pas demandé l’avis de qui que ce soit par crainte d’être influencé. C’est peut-être égoïste de ma part, mais par ce geste, je voulais juste mieux m’égarer, donner libre cours à mes fantaisies, n’écouter que la douce voix de ma conscience, marcher à pas feutrés mais résolus dans le silence nocturne de mes rêves, me diriger à grandes enjambées vers une destination que vous connaitrez bientôt inchAllah.

Le dernier mercredi de l’éternel insoumis que j’ai toujours été et que je demeurerai ? Non certainement très chers lecteurs ! Parce que je n’ai connu que l’écriture et la presse tout au début de mes jeunes années. Parce que je n’ai jamais voulu faire autre chose qu’écrire et dire ce que je pense, je ne saurais donc y renoncer. Peut-être que le prochain rendez-vous que je vous proposerai ne sera plus le même, mais en tout état de cause, on se retrouvera inchAllah. Voici l’adresse de mon blog Le Gandiol en un CliC, https://ousmanegueye.mondoblog.org et celle de ma page facebook https://www.facebook.com/ousmaane. Et mon adresse électronique ousmaane@yahoo.fr

Une fois de plus, toute ma gratitude. Merci infiniment de votre fidélité

Très bonnes vacances et à très bientôt pour un autre rendez-vous !

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19. juil.
2012
Le Gandiolais du mois
0

Un Directeur d’école qui décroche : Monsieur Ndiaye part…

Après de neuf années passées à Mboumbaye Gandiol, Monsieur Ndiaye tire officiellement sa révérence. Il n’est pas certainement facile de rompre d’avec ceux qu’on a longtemps encadrés et avec qui on a passionnément échangé. C’est pourquoi, il est compréhensible que quelque once de mélancolie vienne alourdir l’atmosphère. Car c’est un Directeur d’école rompu à la tâche d’enseignant et qui a sillonné le Sénégal tout au long de sa jeunesse. Ses années de fougue l’ont mené du Fouta à Saint-Louis, puis de Saint-Louis à Gandiol. C’est lors de la fête de fin d’année de l’école élémentaire de Rickott Gandiol que nous l’avons rencontré à nouveau.

Né le 20 Juin 1952 à Saint-Louis du Sénégal, Aliou Saer Niaye est un natif de Guet Ndar (grand quartier populaire) précisément. Le jeune enfant dont la maman est « illettrée » comme il le dit lui-même, trouva une famille tout de même enseignante. Son grand-père dispense des cours coraniques et ses tantes et oncles des cours à l’école française. Et c’est ainsi qu’il tomba d’emblée dans une grande tradition d’enseignant. Et si on est bourdieusien, inutile alors de se demander pourquoi Monsieur Ndiaye a choisi la transmission du savoir comme métier.

Ndiaye est de la vieille école. Sorti du Centre de Formation Pédagogique de Thiès, il a d’abord servi à Dagana 3. L’enseignement, pour lui, est une « véritable passion ».

Il note toutefois quelques difficultés dans le métier d’enseignant à Gandiol. Il les lie au manque d’infrastructures et selon lui, cela freine terriblement la recherche.

C’est un passionné de l’éducation qui part après avoir consacré toute sa vie durant à l’école. L’école élémentaire de Mboumbaye Gandiol l’a manifestement marqué. Et pour preuve : «  Le village qui m’a le plus marqué, là où j’ai vraiment pleuré, c’était Mboumaye Gandiol. Parce que je ne connaissais pas Mboumbaye. Quand on vient dans un village et qu’on vous accueille à bras le corps… être entre les autorités politiques, les autorités académiques, les autorités administratives, les parents d’élèves, les élèves et les maitres… ».

Monsieur Saer Ndiaye ajoute que plusieurs offres lui sont faites, pour la Mauritanie Dakar, mais il préfère encore rester à Gandiol. Comme quoi entre Gandiol et lui, ce n’est pas encore fini…

Bon vent !

Petite légende: Monsieur Aliou Saer Ndiaye en boubou blanc lors de la fête de fin d’année de l’école élémentaire de Rickott ce dimanche 8 Juillet 2012.

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19. juil.
2012
Le Grand Entretien
2

Les Gandiolais et le désoeuvrement: A la rencontre de Harouna GUEYE

Macky Sall a suscité et suscite encore beaucoup d’espoirs pour les Sénégalais. Les jeunes auront sûrement raison de ne plus croire dans les discours des politiques. Parce qu’ils ont un « précédent » d’une terrible résonnance. Maitre Abdoulaye Wade s’était en effet érigé en sauveur de la population juvénile, mais ça ne fut que conte et légende !

Dans notre vadrouille dominicale dans le Gandiol, nous avons fait la rencontre de Harouna GUEYE, un jeune ambitieux qui a installé sa petite « entreprise » à Mouit. Il nous expliquait tout d’abord que l’agriculture ne promet plus. Sur ce blog, nous avons déjà parlé de cette douce mort du domaine qui faisait nourrir beaucoup de Gandiolais.

Harouna GUEYE, la trentaine, a décidé d’ouvrir une petite « entreprise » dans la réparation de matériels électroniques. Avec son modeste ordinateur portable, il vend de la musique et charge des téléphones portables de la part de ces autres Gandiolais qui n’ont pas encore accès à l’électricité. Parce qu’il faut dire que celle-ci est très mal répartie dans la communauté rurale, beaucoup sont encore ceux qui pâtissent de son absence.

Il nous disait beaucoup compter sur le nouveau régime pour avoir enfin, à l’instar de nombre de ses camarades, du travail.

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Au coeur de l'actualié

Auteur·e

L'auteur: Ousmane Gueye
Journaliste, blogueur, passionné de TIC et de sciences politiques

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