Ousmane Gueye

Serions-nous pris pour des idiots ?

Il y a de quoi scandalisant dans les déclarations de Madické Niang et de Serigne Mbacké Ndiaye. J’ai l’impression que l’un et l’autre nous prennent pour des attardés mentaux. Il
est vrai tout de même que les deux n’ont pas manifestement le même « temps de paroles ». Le dernier nommé, à force de rebondir et de démentir, semble préposé au « ministère des démentis et des rebondissements officiels ». Mais quoi qu’il en soit, leurs sorties de ces derniers jours ont vraiment de quoi indigner mon sens critique.

A la suite de la publication par le Conseil Constitutionnel des candidatures retenues pour l’élection présidentielle de demain, des pays occidentaux ont invité les Sénégalais à accepter cette décision. A ma connaissance, Madické Niang ne s’est fendu d’aucun communiqué officiel pour s’en offusquer. Et quand ces mêmes pays rappellent à notre cher pays de respecter les libertés publiques, il se permet d’ameuter la presse nationale et internationale pour dire que le Sénégal n’a de leçons à recevoir de personne !

La logique qu’ils (le gouvernement et lui) demandent à l’opposition de respecter, à savoir si le M23 ne fait pas confiance au Conseil Constitutionnel, il ne doit pas y déposer ses candidatures, Madické Niang et sa bande n’ont qu’à se l’appliquer. Mais discerner dans les appels et rappels des pays occidentaux le « bébé » et l’ « eau du bain » procède d’une mauvaise foi qu’il faut pointer de toute urgence.

Dire que le Sénégal n’a de leçon à recevoir de personne, c’est, à mon avis, sournoisement engager l’opinion contre les pays auteurs de ces appels à l’ordre pour, in fine, en tirer le seul profit légitimaire du pouvoir en place.

L’une des sorties de Serigne Mbacké Ndiaye n’est pas loin de faire le même effet « excitatif ». Mieux, ce dernier est même allé plus loin en martelant devant caméras et micros que ces mêmes pays occidentaux semblent nous prendre pour des « nègres ». A lui aussi, cette même objection : pourquoi il ne l’a pas dit lorsque ces pays se sont prononcés dans le sens de respecter la décision du Conseil Constitutionnel ? S’il pense pouvoir surfer sur des fibres raciales pour endormir nos consciences révoltées, il se leurre.  Il est temps de lui dessiller les yeux, comme à son vieux de maître.

Mais, le plus grand problème que nous avons avec ces ministres – militants, c’est qu’ils n’ont apparemment jamais pu dissocier les deux rôles. A chaque sortie, difficile d’étouffer leur parti pris dans les hauteurs et grandeurs requises d’un administratif. Ce diagnostic est aussi valable pour Ousmane Ngom et tant d’autres.


Mention excellent Sidy !

On peut tout reprocher à Sidy Lamine Niasse sauf d’être soucieux des affaires de son pays. Sa sortie de l’autre jour, je l’aurais mieux attendue de quelques
« privilégiés » pour qui le Sénégal a beaucoup fait. Dans une récente publication, je m’indignais du silence de nombre d’entre eux. On aurait dit qu’ils sont si fiers de nous rappeler qu’ils « sont nommés quelque part et ne peuvent donc s’exprimer sur la situation de leur pays ». Chose qui donne l’effet d’un piège tant il est vrai que même au summum des convulsions de ce pays, ils ne peuvent donner leur point de vue.

Cela est plus que révoltant. Que reste-t-il d’un intellectuel  s’il est réduit à fermer sa bouche ?  Question ô combien essentielle que chacun d’entre nous doit méditer suffisamment. Parce que le rôle que j’assigne à un intellectuel, c’est de prodiguer des conseils, de donner des idées, d’ébaucher des pistes de réflexion, bref de se mettre à la disposition de son pays, au « garde à vous », prêt à élever le ton quand la retenue fout le camp comme il en est présentement question.

Mais des concitoyens, il en est manifestement qui pensent devoir s’abonner au mutisme pour ne pas mettre en jeu leur réputation. C’est la conséquence logique pour qui croit tenir son salut de ce régime ou des politiques.

Je n’avais pas mis du temps pour m’indigner, il y a quelques mois, d’une proposition de Sidy Lamine NIASSE à propos d’un référendum pour sortir de l’impasse Wade. Il faut reconnaître au premier nommé son courage, son amour du pays, son engagement constant auprès des populations, mais aussi, sinon surtout sa spontanéité.

C’est cela qu’autorise l’indépendance d’esprit et c’est elle seule qui puisse nous permettre de nous élever et d’atteindre des degrés de dignité et de respectabilité. C’est la seule aune à partir de laquelle on puisse apprécier les hommes. Ceux qui n’ont pas eu chance de le comprendre passeront à côté de l’histoire.

 

 


Vers le retour à l’ « état de nature » ?

Chère  amie,

Je suis très enthousiasmé d’avoir pu te lire, j’ai envie de dire en un tournemain. Je suis aussi ravi d’être encore en vie ( !) parce que la mort est partout par ces temps qui courent au Sénégal. Nous avons un Président de la République qui avait argumenté qu’il ne peut plus se présenter pour un troisième mandat (voir ce lien). Et voilà qu’il se dédit si tenacement en martelant que jamais il ne s’était exprimé sur une chose pareille. C’est la preuve, soit qu’il n’est plus conscient de ce qu’il dit, soit qu’il ne tient pas ses paroles. Et quoiqu’il puisse redire, il s’est déjà dédit en banalisant la parole jadis sacrée, sinon respectée d’un Président de la République.

Quelques gens ridicules ont longtemps – peut être qu’ils déchanteront maintenant- soutenu que ce vieil opposant est un des plus illustres esprits éclairés au monde. A quoi ils ajoutaient presque avec la même passion zélée que le Sénégal a enfin un économiste brillant au volant.

Eh bien, laisse moi les prendre au mot. Ce même « juriste chevronné » qu’il « messianise » a dit devant une caméra qu’il a verrouillé la Constitution. Objecteront-ils que c’est l’avis frivole d’un non spécialiste ? Je dois les plaindre et je m’imagine mal comment ils ont pu dire pareilles sottises aux limites de l’hérésie. Dans un pays « normal », la vindicte publique les aurait peut être contraints à l’exil ou au silence perpétuel. Néanmoins, ils doivent leur salut aux mauvais temps qui font que la parole perd de plus en plus de sa valeur. Et pour ma part,  cela tient évidemment à une crise de plus en plus douloureuse de la pudeur dans mon chers pays.

Aujourd’hui qu’il s’est illustré si pitoyablement, voire si déloyalement, Abdoulaye Wade  n’a qu’à tirer sa révérence.

Dans ton courriel, je m’attendais que tu t’exprimes sur le cas Marine Le Pen, j’allais dire le phénomène Marine Le Pen. Comme son vieux de père, elle ressasse les mêmes arguments « anti émigration » et à mon avis rétrogrades. Je sais qu’elle n’est pas très aimée des Français, mais pas très détestée non plus. Je ne quitte pas les sondages une seule seconde : je suis comme si c’était chez moi. Parce que ce qu’il faut dire très brièvement, c’est ce que le monde devenu un gros village (mais pas dans l’acception de Marshall Mccluhuan)  est interconnecté à ce point que ce quand la France s’enrhume, tous les autres pays du monde sont amenés à éternuer.

C’est une donne pas très nouvelle qu’il faut prendre en compte. Je ne te fais pas une leçon en relations internationales, mais tu dois savoir que désormais rien n’est anodin, rien n’est insignifiant ; tout semble procéder d’un calcul.

Revenant au phénomène Marine Le Pen, je trouve, pour le dire un peu à la manière d’Emmanuel Todd (démographique et sociologue) qu’elle a le mérite de nous révéler cet autre visage  – parmi mille- de nombre de gens aux idées extravagantes.

Serais-je coupable d’ingérence ?

Je m’arrête là en attendant de te relire très vite !

 

 


Souvenirs, souvenirs: mon premier édito au Journal de Ngaye Méckhé !

Avec mes frères et sœurs du Le Phénix ,nous avons publié plusieurs articles dans le Journal de notre lycée. Ce fut une occasion de plus, c’est-à-dire après  Saint Louis-, de me frotter à l’écriture journalistique. Et ce fût un honneur – presque un sacre-, de signer le premier éditorial:

«Enfin !!! Nous y sommes arrivés !!!

Après de multiples tractations à n’en plus finir, le Phénix prend enfin son envol.

La période d’incubation a certes tiré en longueur, mais la détermination a triomphé .Il fallait surtout relever le défit pour échapper aux acerbes moqueries de ceux qui ne pouvaient croire à la concrétisation d’une telle idée.

Les moyens se faisaient rares, les documents aussi, mais l’espoir était permis. Grâce à la coordination et à la confrontation des idées, doublées de la perspicacité de nos encadreurs, nous avons pu éclore d’un Phénix. Cet oiseau légendaire de la mythologie antique a retenu notre attention par la force de son

 

extraordinaire don retenu par l’histoire .Il se brûlait pour ensuite, renaître de ses cendres plus beau que jamais. Partant vous serez bien aise  de comprendre toute l’essence de notre combat. Au travers de cet oiseau fabuleux, nous voulons symboliser la persévérance et le renouveau.

Dans ce contexte de créativité  et d’innovation nous étions  assez interpellés pour exprimer ce que nos esprits avaient mûri.

C’est ainsi que nous avons beaucoup traité d’études à travers nos colonnes. Mais aussi l’Actu, le Social, le Sport ne seront guère en reste.

Nous remercions tout particulièrement toute l’administration du lycée avec en tête M.le Proviseur pour leur appui sans failles.

Toute notre reconnaissance à la très charmante Mamie Fall pour sa complicité et sa compréhension Chapeau Mademoiselle….

Nous remercions aussi tous les gens qui de près ou de loin, ont apporté leur plume au plumage de votre Phénix. Nos colonnes vous sont ouvertes. Nous attendons avec impatience vos critiques, commentaires et suggestions pour bâtir ensemble le second numéro…

Le Phénix s’envole, envolons nous avec le Phénix.

Bonne lecture  !»

N.B : Hélas, nous nous arrétâmes à ce premier numéro. Depuis lors, je n’en ai eu aucune nouvelle. Je suis sûr que mes lecteurs de Ngaye Méckhé me diront ! Il faut ajouter que pour ce qui est de cette appellation ô combien parlante (le Phénix), l’idée est venue de mes petites soeurs Ndèye Fatou DIENG et Sokhna Ndira Tall qui tenaient abosulement à ce qu’il en fût ainsi. Ainsi, en fût-il !

Mes hommages renouvelés à ces braves demoiselles que j’ai retrouvées à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. C’est le plus joli cadeau que je puisse espérer du Ciel.

 


Une semaine à Ngaye Méckhé

J’écrivais cet article en Octobre 2007. Vous aurez compris que bien du temps a coulé sous les ponts très chers lecteurs. Depuis mon départ de Ngaye Méckhé, – en effet, je n’y ai passé qu’un an-, les nouvelles foisonnent pour me suggérer que beaucoup de choses ont changé. En attendant d’y retourner pour le constater « de visu », je vous propose à relire l’article. Il est vrai que beaucoup se sont offusqués du ton pensant que je noircissais leur Ngaye natal, mais qu’ils sachent que, moi aussi, je me reconnais bien dans ce joli joyau. Mes salutations respectueuses à toutes les personnes que j’y ai connues et avec qui j’entretiens d’excellentes relations. Hommage à elles et aux lecteurs qui se reconnaitront sûrement dans les lignes qui suivent.Ils peuvent réagir à l’adresse électronique (ousmaanegueye@yahoo.fr).


Ngaye Méckhé est quoiqu’on en dise « un gros village » sis à mi-distance de Saint Louis et de Dakar. Ici, nous n’avons point de fleuve ou de mer. Donc, ne parlons pas de brises maritimes ou fluviales, encore moins de pèche à la ligne ou de promenades sur la grève. C’est pourquoi ,la chaleur m’a accablé lors de ma première descente à Méckhé. Une chaleur déroutante, insupportable pour le petit Gandiolais que je suis.

Une terrible distance me sépare de ma nouvelle école. Celle ci se situe à l’est de ma nouvelle maison, Ndiob. Ndiob est un quartier somme toute paisible. Sauf que pendant la soirée,les gens subissent la dictature des ombres. Les chiens y aboient presque sans répit.

C’est avec beaucoup de regret que je remâche mon arrivée à l’Ecole de Méckhé ,j’allais dire mes premiers cours. Nous sommes le 22 Octobre 2007. Il est 8heures 23(heure locale). Je fis mon entrée dans une salle ,on ne peut plus modeste,propre tout de même. N’y connaissant personne et personne ne m’y connaissant , je dus regretter mon départ de Saint Louis où j’étais adulé ,protégé,gâté par les proches ,amis et camarades de classe. La solidarité chez les élèves a beaucoup retenu mon attention ainsi que l’absence d’outils pédagogiques comme une bibliothèque, une photocopieuse pour les élèves , une salle de gymnastique.

Les raisons de ma première altercation avec un de mes nouveaux enseignants tient assurément à cela. M.Ndao,en effet,rougit car je me suis étonné que nous fassions notre cours d’E.P.S en plein air : « Tu n’es pas d’ici toi? »,dit il. Ensuite ,il m’assimila à une femmelette car n’ « ayant pas offert de bonnes performances ». Mais , à mon sens ,ce n’était qu’une manière déguisée de corriger mon « insonlence »:oser dire haut ce que mes camarades pensent bas:l’arriération matérielle du Lycée de Méckhé.

Avec la venue de l’Internet, en  fin d’avril,je me sors peu à peu de ma « torpeur ». J’y suis aussi aidé par ma radio idéale,c’est-à-dire RFI.

Très petit dans ce gros bidonville,j’oublie peu à peu ma solitude,aidé en cela

par ma nouvelle bande de camarades de classe. Avec Baye Serigne Ndao,par exemple,nous allons siroter du « Café Touba » au garage appelé « Angal »(angle,quoi!!!).

La nouvelle équipe qui compose le Journal de notre lycée me tendit aussi une perche, celle de connaitre d’autres individus pour élargir mon groupe d’amis. Souvent ,nous passons chez Sokhna Ndir Tall, élève en Première L.

Vers la fin du mois de Mars ,je pus dire que mon intégration est effective avec la connaissance des 4 comme je je les appelle familiérement : Marième Ngom et Marième Dieng, Daba Sène et Sibérou Diop. Elles sont comme de véritables soeurs pour moi. J’ai aussi fait la connaissance de Cheikh Dieng (terminale L2) avec qui j’entretiens une douce complicité.

O!!!Pourquoi oublier le lundi à Méckhé?

Tôt le matin ,calèches, peugeots,vélos,femmes se pressant dans les allées du marché ,charlatans,caquètements de poules ,vendeurs de thiaf (arachides grillées),marchands à la sauvette,queues de charettes,de voitures:le décor est assez planté et c’est un euphémisme de le dire.

Les calèches ,les deux roues abondent ici. Ngaye Méckhé est aussi orphèvre en matière de cuir. Ce sont de très belles chaussures en qualité qui sont faites et les clients foisonnent(les dallu ngaay).L’élevage est bien présent ici et l’agriculture rare.

Les contingences « pullulent » ici. Pour un oui ou pour un non ,des fêtes sont accordées en vertu de n’importe quoi. Malgé l’ordre des administrations(CEM et Lycée),les élèves mènent la barque de leurs revendications .Par exemple,un projet d’examen blanc est remis dans les tiroirs à cause de l’hostilité des apprenants .La quasi-cohabitation du lycée et du CEM de Méckhé instaure une complicité entre les potaches des deux établissements .

La cloche sonne…Les professeurs s’empressent à rentrer en classe…Il faut que je parte….On se revoit,n’est ce pas très bientôt sur le Temps en images.

 


Lettre à Mame Abdou

Grand-père,

Me serait-il permis d’espérer que cette interpellation ne vienne point importuner ton sommeil. Il est à n’en point douter que les convulsions qui secouent ton pays à l’heure actuelle sont loin de t’honorer. Toi qui fis de ta vie un combat acharné contre l’injustice, nous voici au summum de l’injustice.

Toi qui sillonnais le pays pour prêcher la bonne parole, voici que celle-ci se dérobe si invraisemblablement à nos autorités.

Toi qui assenais la vérité sans calculs politiques, voici que quelques infimes petits bouts d’hommes, sont prompts à la falsifier au nom d’avantages bassement périssables. Ils sont prêts à tout escamoter. Même si l’évidence s’imposait à leur regard, ils vont la nier en l’attribuant à une hallucination : tout ce qui existe est ce qui les arrange.

Au moment où je défie la nuit en t’écrivant ces lignes, car il est 3h25 minutes sur l’écran de mon ordinateur, j’entends encore la gorge nouée de l’imam Ibrahima Ndoye dont le talibé a été descendu. Le grand homme dont la voix se débat, articule mal son discours pour dire toute sa détresse.

Les parents du pauvre garçon pouvaient-ils pressentir que leur petit ne leur reviendrait plus jamais ? Pouvaient-ils penser qu’une balle ignoble aurait raison de la vivacité de leur rejeton ?

Ces questions sont aussi valables pour ceux de Mamadou Diop, de Mamadou Ndiaye et de toutes les autres victimes de ce troisième mandat tant convoité.

Mame,

Jamais régime n’a été aussi éloigné des populations avec qui il cohabite pourtant. Un nombre effroyable d’actes – des plus incroyables aux plus suspicieux – a été posé dans ce pays avec autant de constance. De dignes fils de la Nation ont trouvé la mort dans des circonstances inouïes et nous n’avons même pas eu le mérite d’en être amplement informés. Nous n’avons pas eu droit à une justice juste et vraie, encore moins à une enquête objective et transparente.

Et quand il s’agit de gens du pouvoir, la machine compassionnelle et la machine judiciaire se mettent aussitôt en branle. Je me souviens encore de cette scène quand une fumée se dégageait de l’immeuble qui abrite l’ANOCI . Le  Président de la République accourut sur les lieux dare-dare au secours de son fils de super ministre. Ce jour-là, une bonne partie du gouvernement fut mobilisée: le premier ministre, des membres de son gouvernement en plus des sapeurs pompiers sénégalais et  des forces françaises du Cap Vert.

Maintenant que des jeunes coupables de leur innocence tombent sur le champ des manifestions – consacrées par la Constitution -, ce même homme, très attendu, sortit de son mutisme pour qualifier toutes ces convulsions de « brise ». Pas même une parole courtoise et compassionnelle pour le coeur meurtri des parents des victimes. Pas même un engagement solennel pour dire aux populations sénégalaises que les policiers indexés répondront de ces accusations. Ousmane Ngom, le ministre de l’Intérieur agit comme s’il était lui-même sa propre police !

Mame,

Ces derniers jours fourmillent d’exemples patents pour constater deux Sénégal. D’un côté, des populations croulant sous le poids du coût de la vie, une injustice devenue légendaire à leurs yeux et de l’autre un groupe de privilégiés au dessus de la loi.

Grand-père,

Je ne suis pas assez candide : je sais que quelques bouts d’hommes seront tentés de m’infantiliser. Ils me ridiculiseront : « L’homme à qui tu t’adresses ne peut en aucun cas changer ton destin, décents sur le terrain ».

Mame,

Cet homme, cause de toute cette agitation n’a-t-il pas dit lui-même très jovialement : « J’ai bloqué le mandat à deux » avant d’ajouter plus loin que « je vous le dis sérieusement, je ne me présenterai pas »(voir vidéo). Il s’est même permis de donner un profil à son successeur : Le profil, c’est que ce soit quelqu’un comme moi, qui travaille beaucoup, intelligent, qui travaille, qui écoute les populations, qui aide les populations, qui a de bonnes relations internationales, qui représente l’Afrique (…) » en excluant Idrissa Seck. Le danger avec ce jeu c’est que l’actuel locataire du Palais puisse croire et continuer de croire qu’il peut s’autoriser à nous trouver un successeur. Mais, tout le problème tient à ceci : Abdoulaye Wade s’est toujours pris comme supérieur à nous. Sûrement, il doit se dire intérieurement que son intelligence nous dépasse, que nous ne le méritons pas en tant que Chef d’Etat.

Mame,

Ceux qui continuent de croire à l’arme du Ndiguel (consigne de vote) doivent enfin déchanter. L’agitation de ces derniers jours nous a prouvé (une fois de plus !) que ces jeunes qui manifestent ne sont ni manipulés par des partis politiques, ni téléguidés par un ndiguel : ils sont mus par la détermination de protéger leur Constitution.

Grand-père,

Le plus cruel dans ce diagnostic de la situation du Sénégal actuel, c’est que le Président de la République n’arrive toujours pas à comprendre la résolution des Sénégalais à le faire partir.

Mais, tu ne mériterais pas d’être associé à toutes ces turpitudes. Dieu seul sait pourquoi il t’a prit sitôt. Je m’arrête là sur ces lignes Mame.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


De retour à Gouyrène

Gouyrène est un magnifique village qui dispute la poésie de la nature avec d’autres contrées comme Rickotte, Mame Ngor etc. Le village peut s’enorgueillir de sa masse de sables que vient balayer quelque fois le vent. Juste au pied de la dune, habitait la grande sœur de mon père, la très brave Fatou Gueye, que les intimes appelaient Fatorou. Il est de coutume chez les Peuls, d’attribuer un surnom aux enfants. Selon la tradition, le privilège est donné aux grands-mères ainsi qu’aux grands-pères. Le plus clair du temps, ce sont des surnoms quelque peu farfelus, mais qui ne laissent jamais de transpirer de l’affection.

Ici, à l’instar des autres villages du Gandiol, on pratique le maraîchage, sans oublier que le milieu est très favorable à l’élevage. Manifestement, Gouyrène jouit de la complicité de la nature. Il fait partie de ces villages là dont les terres sont encore arables.

A notre passage, le moment est à la saison des oignons. Mais cela n’empêche qu’à Gouyrène, les habitants cultivent aussi des carottes, choux et navets comme vous pouvez le voir sur ces images et cette vidéo.

Toutefois, interrogés sur le prix, les maraîchers expliquent qu’il n’est pas très élevé. Cela rappelle des résonances bien révoltantes : l’année dernière, il y a eu beaucoup de pertes parce que l’oignon trouvait rarement des acheteurs, voire des acheteurs à bon prix.

Comme le reste des Sénégalais, les Gandiolais, en particulier les Gouyrénois, s’activent bien dans la campagne électorale afin d’apporter des améliorations à leur quotidien. Il faut rappeler que celui-ci n’est pas très reluisant. La jeunesse, du moins une bonne partie, n’a pas d’emploi. Certains jeunes n’ont pas hésité à franchir l’atlantique. Cela a donné lieu à des pertes humaines considérables.

L’électricité qui était annoncée depuis quelques mois reste toujours une promesse. Si les poteaux électriques sont légion, il faut dire que les villageois comptent encore sur la coopération du clair de lune !

 

 


Chronique: La grève sans l’aimer

Les temps sont bien à plaindre très chers lecteurs ! Depuis plus de deux mois, l’Université est prise dans une sorte de bourbier où elle semble plus que jamais engluée. Les enseignants désignés responsables de cette perfide comédie rechignent à être indexés comme les lampistes.

Néanmoins, il sera difficile pour eux d’échapper à cette étiquette. Car d’un côté, ce sont les « bellicistes » qui ouvrent les hostilités tandis que de l’autre, ils sont les « pacifistes » qui jouent aux sapeurs pompiers. Etant – par définition – les initiateurs de cette grève, ils rejettent tout sur la face de l’Etat en martelant aux étudiants qu’ils ne veulent pas que l’année soit blanche. Mais enfin, elle est d’ores et déjà noire : un semestre entier en pure perte (sauf pour les enseignants bien sûr !) tandis que l’autre se débat pour échapper à la voracité des dieux !

Si le parfait coupable de ce désordre universitaire est innommable, les victimes, par contre, sont connues. Ce sont ces milliers d’étudiants qui s’interrogent aujourd’hui sur l’avenir de leurs études et qui ne demandent qu’à reprendre les cours.

J’ai entendu quelques d’observateurs accuser le contexte politique d’avoir installé un climat réfractaire à tout dialogue. Je les ai même entendu tonner que la seule chose qui vaille en ce moment précis aux yeux des politiques est d’arriver à échapper aux mauvais temps. Ceux-là qui ont balayé quelques prétentieux bouts d’homme, vous vous en souvenez à coup sûr chers lecteurs, se prenant pour le nombril du monde.

Quoi qu’il en soit, ce qui est sûr, c’est que l’année est prise en étau entre deux dieux comme je l’ai écrit récemment. Il y a un autre discours, sinon perfide, à tout le moins aux limites de l’argutie voulant tout imputer à ce que certains appellent la » cupidité des enseignants ». Hélas, les étudiants qui devaient le déjouer semblent les plus enfoncés dans cette sournoise calomnie. Comment les étudiants de l’UCAD peuvent-ils se donner le culot de bloquer les portes de l’Université aux enseignants ? Parce qu’ils sont les responsables de leur malheur ?

S’il y a un acteur à blâmer dans toute cette histoire, c’est l’Etat. S’il n’est pas prêt à donner suite aux engagements faits au SAES, pourquoi alors les a t-il pris ? Pour moi, c’est là où gît tout le problème !


Ma Nathalie à moi

Je republie cet article que j’avais mis sur mon blog le 23 Novembre 2010. Je me plie  de nouveau à cet exercice tant il est vrai que la Nathalie de Radio France Internationale continue de drainer des foules considérables de passionnés. A la découvrte d’une non inconnue !

Précision, beauté du verbe,  fabuleuse habilité à annoncer puis séparer les titres à la Une, un trop de perfection dans la diction, subtilité dans la manière d’interviewer les invités, la liste serait très loin d’être exhaustive si on me demandait de décrire l’étonnante Nathalie Amar.

Cette enchanteresse voix qui prend d’assaut le micro de Radio France Internationale à 17heures (t.u) abrège mes siestes, si incontournables soient- elles. Elle était préposée au journal international de midi où sa séduisante voix se joignait à celle non moins envoûtante de Stéphanie Shler pour parcourir les « journaux américains ».

Nonobstant mes occupations et l’étroitesse de mon temps libre, je n’entendais point la rater. Après un bref « zapping » sur les radios sénégalaises pour écouter les titres à la mi-journée, je m’empressais d’  « éterniser ma fréquence » sur la 99.7 FM (fréquence de RFI à Gandiol, Saint-Louis du Sénégal).

Sa mutation à la grande édition des 2 heures du non-stop de l’actu sur RFI a chambardé mon agenda quotidien. Il m’est arrivé tout récemment de reporter mon jogging, de tendre mon oreille de 17h à 19h pour déguster mon plat  « Nathalie Amar » de tous les soirs.

Jean Legrand, le ci-devant présentateur de l’émission « Le Club RFI » m’a un jour conseillé de demander à Nathalie où est ce qu’elle a appris à parler. Serait- il lui aussi subjugué par le l’irrésistible charme de la diction de cette grande dame ? Il aura le temps peut- être de nous éclairer un jour.

Quand, lors de notre seconde émission sur RFI, nous l’avions invitée, le charme qu’elle exerçait déjà sur moi ne fut que grandissant. J’en eus presque le souffle coupé, quand résonna sa voix pour répondre à Jean : « Bonjour Jean … Souvent-même ! ». Vous aurez dans quelques jours l’extrait de l’émission avec Nathalie Amar en cliquant sur l’onglet indiqué ci-après.

Si jusque là mon propos souffrait d’une imprécision malgré toutes mes insinuations, laissez-moi alors vous dire là où je veux en venir : Nathalie Amar me fascine, sa voix me tyrannise.

Mon rêve de grandissime passionné du journalisme est un jour de travailler à Rfi, mais surtout aux cotés de la Nathalie Amar à moi.

Elle vient élargir le très immense cercle de journalistes dont les prestations n’ont eu de cesse de peupler mes rêves d’adolescence et encore d’adulte.

Mon esprit effleure sûrement des noms dont la postérité pourra se glorifier et tirer fierté : Laurent Sadoux, Alain Foca, Anne Toulouse, Pape Touré, Souleymane Jules Diop, Mamadou Ibra Kane (RFM, Sénégal), Malick Bâ (ancien de Walfadjiri (Sénégal) et encore et encore Maimouna Ndir (RTS, Sénégal).

Me reprocher d’objectivité en énonçant ces noms, c’est accepter sciemment de faire couler sa salive inutilement. Car, bien sûr, je vous  donne à voir mon monde de journalisme, tel que je le pense.


Le Gandiol en un CliC: un défi

C’est ensemble, avec un groupe de jeunes garçons, que nous avions quitté notre petit village à la conquête du monde. Monde de la connaissance, monde des savoirs, bref de tous les savoirs. Comme exprimé dans La marche du temps, nous étions tous animés par la fougueuse envie de tendre la corde du sauvetage à nos parents. Ceux là qui croupissent toujours, de l’autre coté, là-bas et non loin, à Gandiol, dans la grisaille du quotidien.

Quand ce n’est pas de nuit, ni d’aube, c’est de jour, de plein jour, sous le Soleil d’Afrique, que nous travaillons sans relâche pour la cause finale. En un mot, elle peut être contenue dans cette expression : le sens de l’humanisme.

Nous sommes très loin de réfléchir l’image d’un îlot fortuné par le paysage quand l’environnement qui nous entoure reflète la misère. Nous entendons, partout et pour tout, porter les idéaux de notre terroir oublié, les crier vers la direction de tous les vents avec le même enthousiasme, la même détermination et la même conviction.

Dans cette quête passionnée de la justice et de la reconnaissance, j’ai été accompagné de plusieurs amis aussi motivés que votre serviteur. D’aucuns comme Mouhamed, sont allés jusqu’au mur, l’ont heurté et en ont payé de leur vie tout court. D’autres ont sinon, décroché, à tout le moins lâché prise.

Loin de cette conviction ébranlée, réduite tout simplement au néant, malmenée par tant de démotivations, je suis encore là, net et raid, au coin de la Toile. Je ne m’entends pas forcément virtuel. Je suis aussi sur le terrain, au cœur du Gandiol, non pas pour des bains de foules, mais quand même à la prise avec la grogne populaire.

Dans ce blog Le Gandiol en un clic, il s’agit de passer en revue l’actualité du Gandiol, de l’analyser, de la commenter, mais aussi et surtout de publier les articles d’autres Gandiolais valeureux dans le monde, de les faire parler, de les porter à la connaissance du grand public. N’hésitez pas à nous écrire (page contacts) pour controler ensemble l’historicité de notre terroir.