Ousmane Gueye

Saint-Louis du Sénégal dans les eaux

Il faut sauver Saint-Louis du Sénégal

Forte d’une population d’environ 132 425 habitants, Saint- Louis du Sénégal a été fondée en 1659 par des Français dont un nom célèbre : Thomas Lambert qu’on nous avait appris par cœur dès nos premiers pas à l’école primaire.  Ils y établir des comptoirs et mirent en branle la machine commerciale qui participa à renforcer le blason de l’Ile.

Saint –Louis du Sénégal est l’un des plus anciens comptoirs commerciaux fondés en Afrique occidentale. D’ailleurs, de 1885 à 1902, elle en fut la capitale, mais précisément pour la partie française de l’Afrique Occidentale. De 1902 à 1958, Saint-Louis abrita la capitale du Sénégal et de la Mauritanie. Les années suivantes vont voir le transfert de l’appareil étatique sénégalais à Dakar

Mais aussi Saint-Louis regorge, à en vomir, des vestiges coloniaux d’une rare importance. C’est pourquoi, elle  n’a pas trouvé une résistance sérieuse à son érection de « patrimoine mondial de l’Unesco ».

Hélas, ces qualités tant chantées et dont l’écho a traversé bien des générations ne peuvent malheureusement pas la mettre à l’abri des turpitudes du temps.

Nous sommes tellement lié à cette ville et pour plusieurs raisons. Le très réputé marché Teen jigeen de Sor (à la descente du pont Faidherbe du coté est) est très animé le jour comme la nuit. Les villageoises de chez nous quittent Gandiol (village de mon enfance) très tôt le matin dès 6 heures pour venir y écouler leurs produits maraichers : tomates, navets, carottes, choux, oignons et j’en oublie…

L’autre raison est que Saint-Louis m’a accueilli pour la première fois un 7 Octobre 2001.Petit villageois, venu de Gandiol avec Maman, je fus admis avec beaucoup d’enjouement de la part des citadins. On me prenait par le bras pendant mes premiers pas vers le Collège d’Enseignement Moyen Abdoulaye Mar Diop, sis au Nord de l’Ile. C’est en 2007 seulement que j’ai pris congé de Ndar Guedj (autre nom) pour aller subir mes cours de terminale au Lycée de Ngaye Méckhé (Réf : Une semaine à Ngaye Méckhé)

Quand cette ville s’enrhume, c’est le petit Ousmane Gueye qui éternue. C’est dire que Saint-Louis du Sénégal habite en moi. Ainsi, quand les inondations pervertissent le charme de la ville et quand les travaux sur le pont Faidherbe ralentissent parfois la circulation (j’y reviendrai), mon chagrin n’ira que crescendo. En témoigne cette hideuse photo des sales eaux de l’hivernage dernière. Quoique les gens fassent pour sauver notre ville, cela en vaudrait vraiment la chandelle.


Dégou-Niayes ou le défi des ombres

Dégou-Niayes ou le défi des ombres

Dégou-Niayes ne s’éclaire pas vraiment !

Situé dans la communauté rurale de Gandiol à quelques kilomètres à vol d’oiseau de la ville de Saint Louis du Sénégal, le village de Dégou-Niayes doit forcément se voir attribuer le statut de bon voisin. Super généreux voisin ! Voisin des ténèbres, voisin des ombres, voisin des nuits sans éclairage si ce n’est celui de la philanthropique Lune.

Depuis que la première personne a installé ses baluchons sur la terre de ce village, point de poteau électrique, point de lampadaire. Le village semble abandonné à son propre sort comme si dame belle nature lui en voulait encore. La chronique de la lugubre destinée de ce magnifique lieu a débuté depuis plusieurs décennies. Habité par des peuls et des wolofs, Dégou- Niayes compte plus de 10.000 âmes réparties en cultivateurs, éleveurs et pêcheurs.

Certes le village n’avait rien à envier aux grandes villes. Tant ses populations bénéficiaient indéniablement de l’autosuffisance alimentaire. De la fertilité de ses terres.

Hélas la machine irréversible du temps a eu raison de la fougue des habitants et de la praticabilité des terres. En effet, l’avancée de la salinité des sols fait que les cultivateurs n’ont plus de bonnes terres pour gagner leur vie. Même s’ils arrivent à acheminer leurs productions annuelles en ville, la seule route moribonde qu’ils ont, fait défaut. D’autant plus qu’avec l’hivernage, les eaux envahissent la route et constituent un véritable frein au développement du village.

Même nous,  rares étudiants en provenance de Dégou-Niayes, rencontrons toute forme de blocage pour faire « carrière dans les études »  pendant les vacances. Pas de courant électrique pour alimenter nos machines et revoir nos cours.

Cet article est un appel au secours que nous lançons à tout le monde.


Chronique:De l’étudiant modèle au modèle d’étudiant

De l’étudiant porteur d’espoirs et dont on redoutait les idées parfois subversives, il ne reste que cet esprit contrariant trainant nonchalamment sa carcasse vers les UFR. Adieu les temps où Senghor nourrissait des craintes à leur égard en bâillonnant les apprentis sociologues de Dakar. Une attitude salvatrice qui se voulait d’endiguer la marée de soif de liberté, avec en toile de fonds, les événements de Mai 68. Finie l’époque de la folle course aux savoirs, des débats sur l’actualité, de la curiosité jamais assouvie ! Nous assistons à la triste fin d’une merveilleuse époque et au début d’une autre, d’un tout autre ordre !

Du moins, à la lecture jamais interrompue du quotidien au campus, c’est ce constat qui me saute sous la plume. C’est étonnant que la recherche du savoir ne passionne plus les « enfants de Wade ». Que le campus soit submergé de monde quand il y est question de politique.

Que des salles de conférences et des amphithéâtres soient désertés quand on y traite de connaissances en dehors des cours. Les organisateurs de telles rencontres ne se sont jamais mépris sur la nature des étudiants : il n’y a que l’aspect de « l’ici et maintenant » qui les passionne. C’est pourquoi, en désespoir de cause, ils n’ont pas accusé de temps pour se créer une ruse : sur les affiches, est souvent mis en évidence « il y aura cocktail » pour susciter les affluences.

Plusieurs périphrases se sont bousculées dans ma tête pour qualifier cette rupture dans la longue marche de l’UGB. Je résistai d’abord à celle-ci : la mort de l’étudiant. Ensuite, une autre me tenta : la fin d’un mythe. Et enfin, je décidai ce titre: de l’étudiant modèle au modèle d’étudiant.

Quand je pense à ce qu’était Sanar en 1990, et à ce qu’est devenu Sanar 20 ans après, l’envie de vivre au présent me fuit. Mon esprit s’affaisse à force de constats amers, de regrets et d’incessantes « pérégrinations » entre le passé et le présent. Qui n’aurait pas voulu, par un coup de baguette magique divine, que le temps soit reculé, que le futur soit supprimé, pour que la vie soit éternellement fixée sur cette année 1990 ? Ce serait surement le vœu le plus fou, formulable pourtant par des esprits les plus sains de chez nous. Car on ne peut pas détester le bien en se défendant d’être bien, ni détester le bien et idolâtrer le mal.

Sur les ruines de l’étudiant modèle, se construit un nouveau modèle d’étudiant. Vous n’avez qu’à ouvrir les yeux et tendre les oreilles pour vous rendre à l’évidence. Par quel moyen ? Je ne sais pas, mais surement à l’évidence, vous allez vous rendre chers lecteurs.

Le modèle d’étudiant que le mauvais temps expérimente chez nous est celui qu’aucune question sociale n’interpelle en dehors de l’UGB. Il n’a aucun commentaire ou avis à donner sur la marche du monde. Pire, il n’esquisse aucune idée pour la freiner ou l’obliger à bifurquer de sa trajectoire. C’est ce blasement, cette rare « qualité » dont seul l’étudiant de Sanar est doté, qui s’appelle « excellence ».  Ne t’offusque pas de n’en être point attribué cher lecteur, la nature distribue très injustement ce rarissime don du ciel !

Malheur à nos anciens camarades de l’UGB. Ils s’en sont allés pour ne plus revenir de leur étonnement : nous sommes à l’heure de l’étudiant programmé. C’est celui là dont l’esprit est « amarré » sur ses cours, qui ne s’occupe que de ça, du travail en classe ! C’est celui là qu’on n’arrive plus à identifier aux braves hommes qui veillent devant l’entrée des restos ! Car eux aussi, s’habillent en « costumes-cravates », roulent les « r », martèlent les « bonjour », « bonne journée » et les « bonsoir », Ils vous parlent un Français irréprochable en inclinant leurs lunettes sur la presse du jour. Décidément vous diriez-vous : Comment reconnaît-on l’étudiant de nos jours à Sanar ? Car l’engagement grâce auquel on l’identifiait s’est éclipsé. C’est ce que la transition de « l’étudiant modèle au modèle d’étudiant »  donne. Nous sommes à l’heure de l’étudiant-spectateur.


Compte-rendu d’audience:les étudiants présumés de l’UGB étaient devant la barre hier

Il manquait tout, sauf du monde, ce matin au tribunal régional de Saint-Louis. La comparution des 25 étudiants de l’UGB à qui on avait fait grief de « dommages à des personnes et à leurs biens » était attendue avec beaucoup d’intérêt. Une masse compacte de leurs camarades guettait déjà l’arrivée du bus qui devait assurer leur déplacement sur Saint-Louis. Elle attendait devant les villages A et B dés sept heures du matin, conformément à l’appel de la Coordination des étudiants. Même le gardien des locaux du tribunal, qui n’avait auparavant admis qu’une partie de la foule des étudiants, n’a pas pu la contenir. Il fut donc obligé d’ouvrir la porte vers les environs de 9 heures. On eût dit qu’une impatience fébrile les picotait.

C’est pourquoi, les premières comparutions d’Ahmadou Sow accusé d’auteur de blessures au coupe-coupe, de la famille Bèye qui se disputait l’héritage d’un père absent entre autres, furent suivies comme le passage de simples 
« figurants » en attendant celui des « acteurs-clés » sur la scène du parquet.

A 11h :07 minutes, le public eut droit à l’apparition des 24 étudiants présumés. L’absence du 25ème, en l’occurrence, Ibrahima Tall fut annoncée par le Président du tribunal dans son rappel. Il expliqua que M. Tall n’a pas comparu pour raison de santé.

Regards posés avec un visage qui ne laissait apparaître que quelques traits enjoués, nos camarades ont tous défilé devant le siège du Président du tribunal. Tous, curieusement, comme s’ils se l’étaient dit auparavant, nièrent les faits qui leur sont reprochés. D’où l’étonnement du Président du tribunal : « Personne n’a été au courant du mouvement d’humeur à l’Université ! Les gendarmes ont –ils acculé les étudiants jusque dans leur chambre ? Ça ne peut pas être pareil pour tout le monde ». Le Président s’est même permis d’administrer un « cours magistral de civisme » aux présumés : « Il faut condamner la violence. On n’a pas le droit d’être violent. Personne ne vous demande d’être contents toute votre vie durant. Ce n’est pas possible d’ailleurs ». Il s’est beaucoup attardé sur les circonstances de l’interpellation de nos camarades. Il a, par exemple, insisté sur le calendrier des présumés ce jour là. Un camarade répondit qu’il suivait la Télévision. Un autre avança l’explication « ils nous ont trouvé prier à la mosquée », un autre se suffit de ceci « ils nous ont trouvé entrain de dormir, ont défoncé la porte et nous ont frappés ».

On rappela que l’Université Gaston Berger de Saint-Louis avait déjà retiré la plainte contre les membres des délégués. Pour l’audience de ce jeudi 21 Octobre 2010, elle était représentée par M .Lawson (j’hésite sur l’écriture du nom ; pardonnez au cas où j’y faillirais).

Madame le Procureur, qui représente le Ministère public n’a pas manqué de percutantes objections à opposer à la version des faits vue des étudiants présumés. De tous ses arguments, celui articulé sur la blessure du Capitaine Commandant de la gendarmerie nous a semblé être le plus martelé. Elle souligna la non- concordance de leur version avec celle contenue dans le procès verbal de la gendarmerie. Toutefois, elle ne se gêna point à édulcorer le texte de son réquisitoire en reconnaissant aux étudiants quelques circonstances atténuantes : « Ils sont tous jeunes ; le plus âgé d’entre eux n’a même pas 21 ans. Ce sont des innocents ». Elle n’y alla point par quatre chemins lorsqu’elle en vint aux délégués : « Ces « courageux » délégués qui ont pris la tangente après avoir manipulé ces jeunes. Ils les ont tous abandonnés aux mains de la justice pour en finir ». Elle conclut la première partie de son réquisitoire en requérant « de dispenser les présumés de la peine »et demanda que les faits reprochés aux étudiants ne soient pas consignés dans leur casier judiciaire.

Auparavant, les quelques avocats des étudiants de l’UGB ont donné toute la mesure de leur savoir juridique. « Les marchands du droit » comme on les appelle, se relayaient dans leurs plaidoiries. On eût dit qu’ils avaient horreur des espaces vides laissés entre leur discours respectif. Le premier à avoir pris la parole s’offusqua du réquisitoire de Madame Le Procureur. Pour lui, aucune preuve n’a été apportée pour appuyer la culpabilité des présumés. « Il s’agit de délit de foule, dit-il et aucun de ses étudiants n’a été pris en flagrant délit de saccage de biens matériels. Ils n’ont pas été arrêtés sur le théâtre des opérations. 99 % d’entre eux étaient dans leur chambre. Où est la preuve de leur participation ? Un juge correctionnel ne peut pas se contenir de ça ».Le premier avocat à avoir fait sa plaidoirie dit n’entendre pas de « dispense de peine », puisque ses clients ne sont coupables de rien, mais plutôt « disculpation ».Il demanda la « relaxe pure et simple ».

Les autres avocats (toujours des étudiants), puisque l’UGB n’avait pas délégué une partie civile, n’ont fait qu’étayer les arguments qui étaient la démonstration de leur confrère. L’un deux alla même plus loin en pointant un doigt accusateur sur les pratiques des gendarmes : On m’a servi des photos ignobles : habits collés au corps par le sang, corps ensanglantés, dit –il en substance. Il montra que cette abjection fait monnaie courante dans notre pays depuis les temps de Jean Colin : livres volés, ordinateurs saccagés, chambres cambriolés, téléphones portables piétinés. Sur un ton concluant, il lâcha : « Il faut y remédier pour l’intérêt de la justice »

Son autre confrère intervint avec un discours qui enflamma le public : « Faut pas nous parler de Capitaine Commandant blessé. C’est rien. Il avait choisi de faire son métier. Mon chien est mort par électrocution ce matin. Et pourtant, ce n’était pas son métier. Nous tous avons parfois des accidents dans notre travail ». La foule soupira et quoique les réactions bruyantes soient prohibées dans la salle, elle ne put se refuser à réagir.

Après quelques sages passes d’armes entre les avocats et Madame Le Procureur et une mise au point du Président du tribunal sur le fait que la gendarmerie ne devait pas trop empiéter dans les débats, on observa une mise en délibéré à 13 h 22minutes.

Les étudiants présumés en profitèrent pour respirer un peu l’ai d’une mise en liberté totale qui semblait se lire sur le visage enjoué du Président du tribunal.

Quelques minutes, plus tard, reprise du procès. Silence de cimetière. Un ange passait sûrement entre les rangées du public. Rappels, un peu de civisme encore, le Président du tribunal prit sa feuille et prononça sa sentence : Défaut contre Ibrahima Tall (absent), relaxe au profit du bénéfice du doute ». Pas de grande agitation, cela était attendu déjà !

Le tribunal se désengorgea un peu de son monde et les autres audiences commencèrent…


« Théodor Wade » et les premières vagues de « sionisme noir »

Chronique : « Théodor Wade » et les premières vagues de  « sionisme noir »

Par Ousmane Gueye

Il ya longtemps que les Haïtiens sont entrés dans l’histoire. Et de quelle manière ! Ce n’est pas à Napoléon Bonaparte de prendre le contre-pied de cette allégation. Il a pris toute la mesure de leur détermination à l’affranchissement lorsqu’il menaçait de rétablir l’esclavage sur l’Ile. Les troupes françaises tombèrent les quatre fers en l’air et Haïti proclama alors son indépendance le 1er Janvier 1804.

Qu’ils ne soient surtout pas tyrannisés par le souci de se voir arracher la vedette. Les Haïtiens ont acquis leur indépendance à la pointe de l’épée. Hélas, partagé entre le marteau que constitue l’onde de choc de ses soubresauts politiques et l’enclume qu’est sa position géographique, le pays survit quand même aux turpitudes du temps.

La première république noire doit restée un trophée que nous brandirons pour toujours. Trophée de notre victoire pour la dignité, trophée de notre combat acharné contre les dominations de toutes sortes : économique, culturelle, mais surtout idéologique.

Cette gloire noire aux confins du monde habite en nous. Des Haïtiens, je n’ai connus que de magnifiques gens qui ont eu, quand l’occasion s’est présentée, à servir la cause du Sénégal. Lucien Lamotte, ex-enseignant de diction au CESTI, qui s’est arraché récemment à notre affection, en est une éloquente illustration. Même séparés de leurs aïeux lointains, de la très lointaine Afrique, leurs moindres soucis doivent faire palpiter nos cœurs et abréger notre sommeil. Au nom de la voix du sang qui coule en nous tous !

Ainsi, saluons-nous le très prévenant geste du Président Abdoulaye Wade ayant consisté à offrir à cent soixante trois Haïtiens une bourse d’études chez nous pour une durée de trois ans. Devrions-nous pour autant y voir un Théodor Herzl sénégalais et un théoricien de « sionisme noir » avec ce voyage des Haïtiens vers leur lointaine « Afrique promise » ? Mon sixième sens ne suggère pas la négative.

J’émets l’idée de bien les recevoir en organisant des journées d’intégration, de parrainage avec leurs camarades étudiants sénégalais, d’aller quelques fois avec eux en weekend à la maison. J’ai la faiblesse de penser qu’il est tout sauf de saison de se lamenter en arguant de nos « mauvaises conditions sociales » (je pense surtout aux étudiants de l’UCAD) et en pointant du doigt le « confort des Haïtiens ». C’est indécent de poser le débat actuellement car nous serons mal vus. Nous ne serons considérés que comme des jaloux tout simplement. Néanmoins, cela ne veut pas dire que j’absous nos autorités. Elles sont très loin d’être imparfaites chers lecteurs.

La venue des vingt cinq haïtiens (dix sept garçons et huit filles) chez nous occulte l’autre actualité du campus de Sanar. Nous nous félicitons du nouvel examen, dit de « remplacement »pour les étudiants de l’Ufr SAT qui pourront espérer poursuivre leur cursus universitaire avec toute la quiétude requise.

Cette nouvelle année universitaire, je veux l’envisager dans toutes ses facettes comme un moment de réconciliation : réconciliation avec nous mêmes.

Au Sénégal, particulièrement, quand la perversion de nos mœurs apparaît au grand jour, on s’empresse de l’expliquer : « jamanoo soppeeku ». Nous Sénégalais entretenons un rapport injuste avec le temps. En atteste fort éloquemment cette boutade  « heure Sénégal ».Hélas, ceux qui devaient passer pour des références sont les plus fautifs dans tout ça. C’est dommage que nos chaines de Télévision et nos stations de Radio ne débutent presque jamais leurs programmes à la bonne heure. La gestion du temps a forcément de fortes répercussions sur notre économie. Ce n’est pas une information que je vous apprends. Trop de manipulations de l’opinion, trop de faux débats à longueur de journée, trop de règlements de comptes et de mécomptes sur la bande FM le temps d’un « Wax sa xalaat ».

Ce n’est pas aujourd’hui que nous avons fait la connaissance de ce postulat sociologique devenu presque un article de foi, même s’il résiste difficilement à mon analyse : « Le tout explique la partie ». Un enseignant nous confiait récemment que c’est la société sénégalaise qui influe sur le comportement de nos camarades étudiants. Eux qui devaient prendre des hauteurs dignes d’intellectuels pur sucre et sortir les masses du gouffre obscurantiste dans lequel s’enlisent encore et hélas bien  de pauvres gens.

Les étudiants, notamment de Sanar, sont une partie de ce « tout social ». Et rien ne prédit qu’ils ne puissent s’offrir sur la scène nationale et internationale comme des modèles chez qui il faut absolument prendre copie. Trop de pollution sonore dans le campus. Ça fait bourdonner les oreilles de tout le monde et ça nous abasourdit. Les cigarettes dans les lieux publics de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis : inadmissible.

Rien n’interdit que nous puissions changer nos attitudes et en faire des comportements frappés du sceau du bon sens et de la raison. Car si le « tout explique la partie », c’est bien la somme des parties qui forme le tout. Si l’on s’en tenait à cette explication, comment expliquer les révolutions dans les sociétés, les changements d’attitudes ?

Ce serait suicidaire de tomber dans ce piège fataliste. Ma conviction, je n’entends pas l’insinuer ; je vous la livre : nous étudiants pouvons changer notre société en en faisant un modèle sachant que si nous voulons que ce projet de société tienne debout, commençons par en donner l’exemple.

J’espère que cette année universitaire sera plus enviable que celle de l’année dernière. Nous devons être les garants de la bonne marche de notre campus car qu’il y ait avancée ou reculade dans nos résultats, c’est d’abord nous étudiants que ça interpelle.

Je dois en dernière instance lever ce qui me semble jusque là un équivoque chez la plupart d’entre vous: cette chronique n’est ni un résumé, ni un rappel de l’actualité. On y traite juste de thèmes d’actualité parfois sous des airs plus ironiques, plus drôles, plus enjoués.

Je le dis en ayant à l’esprit, les critiques peu amènes qui m’ont été adressées avec la chronique « Le malheur des résidants du village M ». C’était juste sous des tournures de facétieux que je l’ai rédigée. Dieu sait que j’étais très loin d’être sérieux.

Je vous souhaite une merveilleuse année universitaire 2010-2011.



A la découverte d’un combattant jadis aguerri

Tidiane Hane ancien journaliste sénégalais

Chers amis lecteurs  épris d’histoire ,on est aujourd’hui à Gamadji Saré situé dans le département de Podor.C’est une zone tres riche d’histoire ,de culture voire de tradition.C’est ici d’où partit le laborieux parcours de Tidiane Hane mais aussi c’est par ici qu’il s’arrêta.
Nous tenterons de revenir de fond en comble sur l’itinéraire de ce chevalier de l’Equité.

Tidiane Elimane Sambarka Elimane Mamadou Ahmadou Racine Mouktar a vu le jour en 1955 à Saré Gamadi .Ayant de qui hériter, il decouvra tés tot le Secret Majestueux du Coran.C’est pendant ces belles années que l’idée lui vint d’élargir aussi son savoir dans la langue de Moliere.
C’est là où ses études assez brillantes furent couronnées par son obtention de l’entrée en sixieme et du CPE.
Attendu que le Fouta d’alors compait peu sinon rarement de colleges et de lycées, le jeune foutanke débarrassa le plancher.
Du coup ,il plia sacs et bagages pour venir s’installer à Saint louis du Senegal chez Mamadou Diom Sall époux de Mariama Lénia petite soeur à la mere de Tidiane Hane.
C’est à Saint louis que le jeune homme se montra tres ambitieux par ses projets et idées mais n’anticipons pas.C’est aussi à Saint louis que sont passées beaucoup de ses amis à la lumiere de Baaba Maal ou encore Seydou Kane.
Fils de Samborou Barka Hane et de Coumba Mara Lénia Tidiane Hane poursuivit des échelons importants de sa scolatite qui le menerent ensuite à Dakar.A la capitale, la vie du jeune étudiant se montra tres exigente mais Tidiane ne ne laissa point emporter par le découragement.
Souvent Samba Thiam et Siley Ndiaye entre tempts invitaient Tidiane Hane à Radio Senegal Internationale pour les besoins de leur émission en Pöulaar appélée « anndou saa anndii anndin » qui veut dire « cherches à savoir si tu con5a72re2-p6ij0.jpgnaitras alors faire connaitre »
Le jeune etudiant y fut si brave qu’il finit par mener les renes de ladite emission.
Chantre du poulaar défenseur de la culture et de la tradition véritable moulin à histoires,il se fit tres rapidement le coqueluche des journaux et des media en général.La preuve Radio Senegal Internationale l’envoyait en en reportages dits « envoyé spécial ».C’est ainsi q’il est allé du Mali à la Mauritanie, du Gabon au Nigeria ,du Niger au Sarayego passant par le Cameroun, l’Algerie, la France, l’Arabie Saodite et j’en passe.
Le commun des mortels lui savaint bon gre car il disait toujours la vérité qu’à cela ne tienne.
Pour parler de ses premiers pas dans le journalisme et surtout de terrain il faut remonter aux années 1985 .En effet ,c’est le 28 mars de cette année là Tidianne Hane fut reçu à la RTS SAINT LOUIS LA VOIX DU NORD.Puis, il fut transféré en Casamance avant de revenir a Dakar.
Le 14 avril 2001,Tidiane Hane couvrait une tournée politique du PDS dans son Fouta natal.Arrivée au virage d’entre les villages de Madiwou et Taredji, sa voiture se renversa « soudainement » aux environs de 15 heures.
Le sang coula, coula abondamment et on s’empressa d’évacuer le pauvre Tidianne Hane versl’hôpital de ^Ndioum.Les médecins traitants jugerent urgent un transfert de la victime à Dakar.Un avion fut apprété.Maîs en vain.Ma foi, c’est au moment où l’appareil volant prenait son envol que tout ce que l’on craignait eût à se concrétiser au vu et su de toute une marée humaine massée au chevet de Tidiane Hanne.
Ce lion indomptable qui aura résister à 46 hivernages.
Papa chéri de Fati et de Fatimata Tidiane d’Aliou et de Mamoudou Tidiane …,frere d’Alhassane et d’Alhousseynou époux d’Arwagolo et de Mariame Thiam,tu es parti sans crier gare ,tu es parti je ne sais par quelle gare.
Le lundi hélas vers 13 heures ,ta dépouille mortelle fut levée de l’hopital Principal et en avion, vieux amis, vielles branches, compagons de toujours ,parents ,s’efforçaient à te porter vers ta derniere demeure.
Baaba Mal ,alors en tournné du coté de l’Europe jeta coras et balafons pour revenir au pays de la teranga.Ma foi, l’homme qui l’avait galvanisé ,encourage et submergé de motivations venait d’être arraché à son affection.

El hadj Hane tu venais fraichement de rentrer d’un somptueux pélerinage aux Lieux Saints de l’Isalam .
Doux, calme et et ambitieux, toujours véridique, tu es parti à la fleur de l’âge et je me rappelle encore ta derniere apparution à la télévision comme si c’était hier.
Des gens à l’image d’Al hassane Sow ,d’Aliw Sow de la Mauritanie,de Djiby,de Hassane Sow de Hamadi Dia de Mboumbaye ,de Mama ka etde Habibatou …te graveront à jamais dans leur mémoire.
Ousmane Gueye Elimane Gandiol scrutera chaque soir les fastes du Couchant pour espérer revoir ton visage radieux plein de bonté et de fougue.
Que la Terre de Sare Gamadji te soit légere.

Ousmane Gueye Elimane Gandiol .


Dans les rues de mon village d’enfance

Nous étions une dizaine d’enfants, insoucieux de l’air du temps dans les rues de Dégou-Niayes. Nous nous précipitions, tous les matins, sauf les jeudis et vendredis à nous rendre à l’école coranique d’Oustaz Djibril, non loin de nos demeures. Nous composions un formidable groupe d’amis : Magatte Sow, Souleymane, Mamadou Seybatou, Mouhamet Ba, Issa Malal Sow, Daouda Hadjel…

Cette impressionnante école était notre trésor commun. Nous adorions notre maitre .Mais aussi redoutions sa colère parce qu’il était d’une méchanceté indescriptible. Il ressemblait à bien des égards à Thierno(le maitre dans l’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane) Il lui arrivait de tremper longuement une branche, parfois un arbuste dans un sceau d’eau pour rendre notre correction plus cruelle. C’était pour s’en servir lorsque nous commettions des fautes qu’il ne voulait point nous pardonner.

Notre Thierno avait un fils d’une rare impertinence. Parce que nous étions des élèves et n’avions aucune possibilité de faire entendre nos voix protestataires, nous continuions d’être les victimes de ce fils-pécheur impénitent. Ce dernier écrasait nos crânes de coups de théières et nous n’osions pas rouspéter. Nous dévorions les versets coraniques inscrits sur des planchettes de bois, assis à même le sol ou parfois sur des nattes, les lendemains de pluies abondantes.

Hélas, de ces doucereuses relations, le vieux temps fera autrement.

Magatte Sow est devenu commerçant dans un grand magasin à Dakar. Daouda Sow et Mamadou Seybatou partagent leur temps entre les activités maraichères et maritimes. Souleymane « bouge » dans le « petit commerce » en tant que boutiquier ou vendeur à la sauvette», Issa Malal a carrément disparu des « écrans radars », Mouhamed dont le rêve est supposé heurté une vague au fond de l’Océan atlantique, ne donne plus de nouvelles.

Hélas, même les chemins sinueux de la brousse que nous empruntions pour nous rendre chez Oustaz sont devenus si impraticables, si austères. Ils sont dénués de toute note poétique et rien n’enchante sur cet espace morne et terne. La propension de la nature humaine à s’interroger devant le mystère, l’imperceptible me hante. J’ai envie de m’exclamer et de demander à cet espace: Qu’as-tu fais au ciel? Pourquoi il te traite si indifféremment ? Si cruellement ? Et l’envie me perce encore de me demander et de demander à mes condisciples : Pourquoi le temps nous a dispersés si vite? Pourquoi Mouhamed nous a faussés compagnie si tôt ?

Mon entente avec Magatte Sow intriguait même nos parents. Nous ne nous séparions jamais. Nous échangions nos habits. Et c’est en mourant de rires que nos mamans respectives remettaient nos « garde –robes » en ordre. Néanmoins, les relations avec Mouhamed sont restées les plus marquantes.

Hélas, Mouhamed !!! Tu es parti sur la pointe des pieds.

Je n’ai pas eu le temps de te regarder en face et de marteler que tu comptais pour moi. Aujourd’hui, quand je repense à ces images de petites querelles enfantines dans lesquelles les condisciples disputaient tes faiblesses et profitaient de ta naïveté, je ne peux que laisser couler des larmes de regret. Savaient-ils que ce doucereux « don de la nature » à qui ils cherchaient querelle et parfois qu’ils rouaient de coups, allait être arraché à leur affection quelques années, quelques années seulement, au sortir de l’école coranique ? Surement, non. Car ils n’ont pas eu le temps de faire leur repentir et de te dire « pardon ». Mais Mouhamed, je sais que tu n’avais pas besoin qu’on t’extirpe ce « pardon » ; tout dans ta nature conspirait à le donner car tu n’as jamais promu le mal. Tout comme le reste de la bande que nous composions avec toi, tu étais mû par l’obstination de tirer tes parents du cercle vicieux de la monotonie du quotidien où l’économie de substance ne subsiste même plus au long cortège des besoins domestiques.

Tout comme le reste de la bande, le traumatisme de la réussite sociale rôdait autour de toi. Car notre fierté commune était d’incarner la fierté des parents qui se sont mus entre ciel et terre pour notre épanouissement. Tu as goûté aux métiers les plus damnés de la terre. De l’agriculture pour laquelle les villageois se réveillent en pleine lune défiant les vagues de froid à la pêche maritime où on passe des semaines accrochés à un maigre fil des flots de l’Océan, tu as fait ce que tu pouvais. Les vagues de ce même Océan auront raison de ta fougue et de ta détermination. Mon cœur a chaviré le jour où cette tragique nouvelle est venue par je ne sais plus où, m’informer que tu es parti à jamais. Des témoignages fort bien fondés en sont malheureusement fort bien révélateurs. Un pêcheur rapporte t’avoir vu une dernière fois t’affairant sur la rive. Et lorsque la nouvelle se propagea qu’une pirogue transportant des « clandestins » venait de chavirer, sa conclusion ne tarda point : Mouhamed est mort.

Tout dans mon existence s’embrouilla. Brouille, nuages, morosité, « lugubrité », mélancolie, tristesse… tout renvoie au champ lexical de malheur ! Ta disparition si inattendue crée dans mon cœur meurtri un espace qu’aucune jouissance ne peut combler : il t’est réservé cher frère.

Sache que je ne t’oublierai jamais. Fatimatou, El Hadj, je tiens à eux comme jamais je n’avais qu’eux. Ils sont les uniques souvenirs à la mémoire de l’esprit de sollicitude et de courage en quoi se résumait ta vie. Nous acceptons ce sort si particulier du destin car sommes convaincus que ce Dieu qui t’a créé sans notre consentement, t’a repris sans notre volonté. Nous prions, du fond de ta sépulture si solitaire, que le Seigneur des mondes te comble de bienfaits et fasse de toi une âme paradisiaque par le simple motif que c’est Celui Le « Pardonneur ».

L’avènement de l’école française à Mboumbaye Gandiol me retira des mains d’Oustaz Djibril. Pour ma mère, il fallait aussi en cette fin nostalgique de l’année 1995, entrer en Classe d’Initiative(C.I).Il ne serait jamais assez de remercier cette « wonderful woman » qui représente tout pour moi. Elle symbolise à mes yeux la persévérance, l’amour du bien-faire, la détermination. C’était un choix qui allait transformer ma vie. L’ambition et la détermination qui animaient ma mère pouvaient s’appréciaient à l’aune du défi qu’elle venait de relever : s’opposer aux croyances collectives qui assimilaient l’espace scolaire comme le terreau par excellence de l’acculturation, de la perte d’identité et de la foi islamique. Néanmoins, Dégou-Niayes n’échappait pas à cet argument illusoire de l’instinct conservateur. Il n’était pas un village d’exception. A l’instar de beaucoup de ruraux, mes voisins avaient la promptitude d’adopter une position manichéenne pensant les valeurs bien ancrées dans la culture peule comme étant exclusivement les seules et admissibles et celles de l’Occident comme inacceptables. Mais la nature ne saurait accentuer cette cruauté d’opinion : ces gens ont bien fait de changer de fusil d’épaule, (« d’esprit ») en l’espace de quelques années seulement. Aujourd’hui on constate un fort taux de scolarisation et une propension à l’ouverture dans tous les sens.

Notre nouvel établissement flambait très neuf. Il dévorait tous les rêves et toutes les passions des enfants qui souffraient de la curiosité de connaître les secrets du Français.

L’école de Mboumbaye reste encore gravée dans nos souvenirs. De mémoire d’élève, jamais un établissement scolaire n’aura été tant soucieux, tant intéressé par les questions pédagogiques et sociales qui interpelaient ses élèves. C’est pourquoi, même à la sortie de celle-ci en 2001 après le CFEE, nous avons continué à entretenir de formidables relations avec nos ex-enseignants. Je ne peux pas chasser de mon esprit, je n’essaie même pas, car certain que ce sera vain, les années de bonheur que nous avons passées dans cet établissement. Des noms défilent encore dans ma tête : M. Daouda Sow, M. Khalifa Sy, M. Babacar Niang et d’autres et d’autres encore…

Je m’étais pris d’une amitié sans bornes avec Daouda. Après le départ de M. Fall qui nous avait alors en classe de CE1, Daouda est venu poursuivre avec nous à partir du CE2 et cela jusqu’au CM2.Le charme de notre consécration à la sortie du primaire est surtout facilité par le soin méticuleux qu’il apportait à nos cours. Il est des premiers à nous avoir habitués à l’exercice passionnant de l’attention portée à l’actualité. Il avait institué une rubrique appelée  « Quoi de neuf ? » inspirée de celle de Sud FM (une radio privée sénégalaise,).

De plus, Daouda nous gavait de culture générale jusqu’au risque de nous la faire vomir, tant nous n’en manquions point ! Vers la fin des cours, il posait la fameuse question  « A quoi je pense ? » C’était un passionnant exercice suscitant curiosité et ouverture. Comment oublier    la « boite aux lettres » ? C’est dans celle-ci où nous plongions des bouts de papier portant des questions sur des choses qui nous dépassaient. Chaque semaine, il dépliait ces papiers et tâchait de satisfaire à notre passion de connaissance.

Il portait sur moi une attention toute particulière. On eût dit qu’il me connaissait bien avant son arrivée à Mboumbaye. Oh que non ! Il me rendait visite chez moi ainsi que ses collègues. Il me donnait le goût de l’apprentissage et nourrissait mon rêve de perforer. Même après mon départ de l’école élémentaire de Mboumbaye, les mêmes relations entretenues avec la même intensité.

C’est pourquoi, je n’ai point hésité à chercher à lui rendre service et à mériter cette attention. C’est ainsi que j’ai connu les siens à force de visite et de courtoisie. Ces derniers habitent Fass Ngom, un beau village sis à quelques encablures de la ville de Saint-Louis du Sénégal.

Ces moments ont imprimé sur le cours de mon existence des traces indélébiles. Quand je rencontre ces vieux amis, ces anciens camarades de classe, ces inoubliables condisciples de l’école coranique, ces enseignants de l’école de Mboumbaye, ces parents du Gandiol et d’ailleurs, mon amour-propre en sort toujours grandi. Cela me ramène toujours à une exigence de modestie et à une attitude de reconnaissance. Tous ont marqué un moment de ma vie et quelque soit le statut et le rôle que le destin peut m’assigner, ce sera toujours de bonne guerre qu’ils s’en réclament. Cette réalité est encore beaucoup plus accrue et plus valable au Gandiol. Le type de socialisation qu’on y pratique n’implique pas seulement la famille nucléaire (père, mère et enfants), mais aussi la famille composée (celle au grand complet) et même tous les voisins. De sorte que tous les villageois participent à punir et récompenser les attitudes de n’importe quel enfant sans que cela crée des tensions en général.


Les petites misères de début d’année à l’UGB

Les petites misères de début d’année à l’UGB

Impénitents récidivistes !

Quand bien même cela est éternellement entré dans nos habitudes, nous avons du mal à nous y accoutumer. Des files indiennes à n’en plus finir devant le resto 2 comme en atteste fort éloquemment cette illustration prise ce lundi 18 octobre 2010 à 14 heures (heure locale).

Les nouveaux bacheliers séduits par la culture d’excellence dont l’UGB de Saint-Louis s’est toujours fait la promotrice, en prendront sûrement  un sacré coup. Eux qui doivent faire le planton tous les jours en espérant que s’ouvrent les portes de l’autre restaurant universitaire d’ici sous peu. Et que dire de nos camarades Haïtiens que nous venons fraichement d’accueillir chez nous ? Venus de loin, de très loin, ils mériteraient mieux que ça. Devoir se faire languir chaque jour pour prendre leur déjeuner ne serait surement pas la bonne carte postale à rapporter du pays de la téranga après leurs trois ans de séjour chez nous.

Le plus surprenant dans cette sempiternelle série d’  « ouverture tardive des restos » est que chaque épisode semble en indiquer la fin. Depuis quand, ce phénomène était si décrié au niveau du campus ? Quand est ce que cette question sera évacuée définitivement ? Pas pour un empire ! C’est la réponse qui s’offre à notre entendement tant nous sommes habitués à ces désagréments que cause l’ouverture tardive des restos pour les débuts d’année à Sanar.

Il suffit d’aborder l’autre  « casse-tête des UFR » pour que l’éternelle question des restaurants universitaires passe pour la plus épisodique, voire la plus anecdotique misère de début d’année à l’UGB.

En effet, il suffit d’interroger les étudiants de Licence 2- Sociologie de l’année dernière pour vous imprégner de la désagréable situation à laquelle ils sont confrontés : trop d’erreurs sur le report des notes, et partant, trop de retard pour le retrait de leur attestation qu’ils doivent obligatoirement présenter en vue de s’inscrire en Licence 3.

Avec toute cette flopée de perte de temps, les étudiants de l’UGB, du moins quelques uns d’entre eux, sont restés pris en otages.


Souvenirs de collégien

Souvenirs de collégien Que de larmes d’affliction charriées dans les rues de Saint-Louis du Sénégal ! Petit villageois exilé dans cette merveilleuse ville, je ruminais ma solitude que venaient bercer d’inoubliables images en provenance du lit de mon enfance.

Mes premières années au collège s’agitent dans le méandre de mes souvenirs comme un refrain. Je me considérai comme un intrus. Pour moi, rien ne pouvait venir m’arracher à cette inébranlable conviction : la vie citadine ne voulait pas de moi car tout me rebutait dans cette magnifique ville de Saint-Louis. Je croisai à chaque levée de Soleil l’hostilité de la routine des habitants : flopée de talibés-mendiants dans les rues, bruits assourdissants des transports, navettes quotidiennes entre mon collège et chez moi…Cette répétition cyclique du même décor peinait à changer.

Voilà ce qui me traumatisait. Il m’arrivait de chercher à extirper mon esprit de cette monotonie. C’est alors que je pensais au village de mon enfance, aux jeux de cache-cache entre les amis, aux pâturages, aux feuillages touffus des arbres, aux rues sinueuses et animées qui nous conduisaient à l’école coranique, aux premières amours de ma vie.

Quand mes parents, m’envoyant à Saint-Louis ont pensé assister au premier lever de Soleil de ma vie, moi j’y voyais plutôt le crépuscule. Mais après trois ans de séjour dans ma première ville, je me rendis vite compte que je m’étais trompé en conjecture. Que Saint-Louis n’était pas aussi austère que je le concevais.

J’appris à l’aimer, à l’adorer à coups de rencontres de nouvelles amitiés, de nouvelles découvertes et de nouvelles expériences. Aujourd’hui encore, quand je dois repenser à cette ville, mes yeux charrient de larmes, non plus d’affliction, mais de nostalgie et d’émotion.

Que de fois j’ai voulu redevenir collégien, très jeune collégien au milieu de ma bande de camarades d’école nous faufilant entre les files de voitures dans les rues de Saint-Louis.